Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dant confle ne laisse pas d’être employé par les bons auteurs : « Vous voyé la confle de savon que prend la couleur gigié de pigeon… » (Oraison funéraire.) Et Calvin dit, dans un de ses sermons : « C’est comme d’une vessie qui sera enflée, ou une confle (qu’on appelle ici). »

CONFUS. — Un pucier confus de bardanes, Un lit plein de punaises. Métonymie. L’idée de confusion, applicable à la grande quantité de bardanes, a été appliquée à l’objet qui les contient.

CONNAISSANCE. — Avoir un doigt de pied sans connaissance. Se dit lorsque, par suite d’une fausse position ou pour toute autre raison, on a un doigt de pied engourdi et insensible.

Faire tort à ses connaissances. Voy. tort.

CONNAITRE. — Le mari : Bon, en me baissant, n’ai-je pas fait peter mes culottes !La femme : Je vas y donner un point ; ça sera pas de connaitre.

Il ne se connaît plus, Il a perdu connaissance.

CONROYEUR, s. m. — Corroyeur. Près d’un siècle et demi devant Molard, Ménage recommandait de ne pas dire conroyeur, qui était déjà un archaïsme, l’ancienne forme de corroyer étant conréer. Je crois bien que, depuis Molard, conroyeur a disparu.

CONSCIENCE, s. f. — Estomac. Se mettre quinze matefaims sur la conscience. On suppose que la conscience est dans la poitrine.

Conscience de bennier. Voy. bennier.

CONSENTU. — Participe passé de consentir. Comme i n’aviont fait Pâques avant la Trinité, le pipa a consentu. Sur la formation, voy. repentu.

CONSÉQUENT, ENTE, adj. — Considérable, important. Je ne puis mieux faire que de citer, à titre d’exemple, un fragment de belle littérature lyonnaise qui remonte à 1823 :

Encore un lyonnaisisme

« … Entendez le libéral M. B… s’écrier que son parti est, en France, le plus conséquent… — Avez-vous vu au muséum le Bon Samaritain ?[1] — Non, pas encore. Mais c’est des nouveaux tableaux le plus conséquent ; que tardez-vous ? — Docteur, que pensez-vous de la maladie de mon Adolphe ? — Pour un mal aussi conséquent, vous m’appelez bien tard. — Les intérêts cumulés donnent à la longue des sommes conséquentes, répétait encore hier mon agent de change ; il s’interrompit cependant pour me dire que la guerre contre l’Espagne serait pour la France seule une guerre trop conséquente. — Irène soupire depuis quelques jours après une pelisse ; mais cette année les pertes de son cher Alfred sont si conséquentes ! — Pauvre plaideur, prends patience, je viens de voir mon avoué : « Votre affaire, m’a-t-il dit, est trop conséquente pour passer avant les féries… » — « Bon Dieu, bon Dieu, dans une ville conséquente comme la nôtre, répètent sans cesse de jeunes littérateurs (sic) lyonnais, pourquoi faut-il que l’art de peindre passe avant l’art d’écrire ? … »

Depuis 1823, l’usage de conséquent, en ce sens, s’est bien perdu, même chez les agents de change et les « jeunes littérarateurs ».

CONSERVER. — Conservez-vous ! C’est notre adieu. Comp. le lebt wohl (vivez bien) des Allemands.

CONSISTE. — Ça ne consiste en rien, pour dire cela ne signifie rien, cela n’a aucune importance. Tout ce qui se dit à c’te Chambre des députés, ça ne consiste en rien.

CONSULTE, s. f. — Consultation de médecin. Vieux franç. « Le curé de Domfront, qui… passoit au Mans pour faire faire une consulte (les éditeurs modernes ont fort sottement corrigé par consullation) de médecins… » (Roman comique.) — Combien est-il de regretter que les pédants aient remplacé par d’affreux dérivés en ation nos bons vieux substantifs verbaux : purgation au lieu de purge, diffamation au lieu de diffame, prononciation au lieu de prononce, etc.

CONTENT. — Content comme un fondeur qui a manqué sa cloche. Se dit de quelqu’un qui n’est pas content du tout.

Content comme Barrabas à la Passion, Très content.

  1. C’est le tableau de Drolling que le gouvernement venait de donner au musée de Lyon.