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CLAVEAU, CLAVAUX, s. m. — Hameçon. On lit dans le glossaire des Canettes : « La maison Clavaux, qui a donné son nom à ces engins de pêche, existe encore rue Coquillière, à Paris. » Il existait des claveaux bien avant la maison Clavaux, témoin le bon Panurge qui, « en une de ses fasques, portait toujours force provision de haims et claveaux… » — De clavellum, diminutif de clavum.

CLAVELÉ. — Cendres clavelées. C’est cendres gravelées, corrompu sous l’influence du vieux franç. clavel, clou.

CLAVETTES, s. f. pl. — Articulations. Avoir les clavettes enrouillées par la vieillonge.

CLÉDAR, s. m. — « Ouverture d’un jardin ; dites clairevoie. » (Molard.) — Une ouverture qui est une clairevoie me semble extraordinaire. Le clédar n’est pas une clairevoie, mais une porte en clairevoie, de clida, claie.

CLEF, s. f. — La clef ou traverse du métier est la pièce de bois qui retient le métier en travers par en haut. Il y a deux traverses ; quelquefois trois, dont deux en avant. Cette dernière disposition est rare.

Mettre la clef sous la porte, Faire faillite.

Perdre sa clef, sa loquetière. M. Bosonet : Bien le bonjou, M. Caconaud, vous avez l’air tout bouligué ce matin.M. Caconaud : Merci bien, m’sieu Bosonet ; c’est rien, que seulement hier soir nous ons mangé trois livres de fiageôles avè deux livres de double, que je ne sais pas si se sont pas bien accordées, qu’enfin voilà que ça m’a fait perdre ma clef, que, toute la nuit, parlant par respect, j’ai couru aux z’écommuns.M. Bosonet : Vous faut manger une brioche toute chaude, sans boire ; ça vous fera retrouver votre loquetière, hi, hi, hi !

CLERGEON, s. m. — 1. Petit clerc de manécanterie. On le trouve aux xiie et xiiie siècles avec cette signification.

2. Laitue frisée, variété blonde, cueillie lorsqu’elle n’a encore que trois ou quatre feuilles. L’expression vient de que ces laitues toutes jeunes sont considérées au regard des laitues adultes et pommées comme étant dans le rapport d’un jeune clergeon à un curé bedonnant.

CLINQUAILLE, s. f. — Faire clinquaille. Voyez quincaille.

CLINQUAILLER, s. m. — Quincaillier. CLINQUAILLERIE, s. f. — Quincaillerie. Va donc m’acheter pour deux sous de broquettes chez le clinquailler. — Mots très réguliers faits sur clinquaille, qui, en vieux franç. signifiait ustensiles de ménage en métal, et que le français a corrompu en quincaille d’où quincaillier, quincaillerie. Mais alors pourquoi dit-on clinquant (qui dérive de la même racine) et non quincant ?

CLINQUETTES, s. f. pl. — Os du bouilli, id est côte de bœuf (ou de vache), avec quoi nos gones font des castagnettes mélodieuses. C’est le vieux franç. cliquettes.

2. Terme de boucherie. Morceau de côte de bœuf (ou de vache) qu’on met bouillir. — Ainsi nommé parce que les os font des clinquettes.

3. Terme de canuserie. — Quand on veut fabriquer des articles très légers, florences, pelure d’oignon, etc., il est nécessaire que le battant frappe très légèrement la trame. Dans ce but, on a cherché à rendre le peigne mobile, de telle façon que, se renversant sous le choc, il ne serre pas le coup. De là le Battant à clinquettes. Dans ma jeunesse ce battant était très simple. On relevait la poignée du battant. Le peigne n’était donc plus retenu que par le pied dans la chana (voy. ce mot) de la masse du battant. Pour qu’il ne se renversât pas complètement sous le coup de battant, on plaçait horizontalement derrière le peigne, au sommet (et par conséquent sous la poignée), une réglette horizontale, et l’on fixait par leur partie inférieure, aux deux extrémités de cette réglette, deux lamelles verticales très minces et très flexibles, que l’on nommait clinquettes, parce qu’on pouvait y voir quelque ressemblance avec de longues castagnettes. Les deux clinquettes étaient vissées dans leur partie supérieure sur les lames du battant, et tenaient ainsi suspendue la réglette contre laquelle s’appuyait le haut du peigne. À mesure que l’on donnait le coup de battant, le peigne pressant sur la réglette, celle-ci s’écartait de tout le jeu laissé par l’élasticité des clinquettes. Le battant repoussé, les clinquettes, reprenant leur position naturelle, ramenaient la réglette contre le peigne. Plus