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  CHAPITRE III. 61
  1. Que les infidèles ne s’imaginent point que, si nous leur accordons une longue vie, c’est un bien. Nous la leur accordons longue pour qu’ils multiplient leurs iniquités. Un châtiment avilissant les attend.
  2. Dieu ne saurait laisser les croyants dans l’état où vous êtes ; il séparera le mauvais d’avec le bon.
  3. Dieu ne saurait vous dévoiler les choses cachées[1]. Il choisit les envoyés qu’il lui plaît pour les leur confier. Croyez donc eu Dieu et à ses envoyés ; si vous croyez, et si vous craignez, vous recevrez une récompense généreuse.
  4. Que les hommes avares des biens que Dieu leur dispense dans sa générosité ne s’imaginent point que cela leur profitera ; loin de là, cela leur portera malheur.
  5. Les biens dont ils sont avares seront attachés à leur cou, en guise de collier, au jour de la résurrection[2]. L’héritage des cieux et de la terre appartient à Dieu ; il est instruit de toutes vos actions.
  6. Il a entendu les paroles de ceux qui disaient : Dieu est pauvre, et nous sommes riches[3]. Nous tiendrons compte de leurs paroles et du sang des prophètes tués injustement, et nous leur dirons : Subissez le châtiment du feu,
  7. Pour prix des œuvres de vos mains ; car Dieu n’est pas injuste envers ses serviteurs.
  8. À ceux qui disent : Dieu nous a promis que nous ne serons tenus de croire à un prophète, que lorsque ce prophète présentera une offrande que le feu du ciel consumera aussitôt.
  9. Réponds : Il vous est venu avant moi des prophètes qui ont fait des miracles, et même celui dont vous parlez ; pourquoi donc les avez-vous tués ? dites-le, si vous êtes véridiques[4].
  10. S’ils te traitent d’imposteur, ô Mohammed ! les apôtres

  1. Quelques hommes défiaient Mahomet de distinguer les vrais croyants des hypocrites.
  2. Mahomet reproche ici à quelques Arabes le peu d’empressement à payer les Contributions. Les avares, avait-il déclaré, porteront au jour du jugement un serpent en guise de collier.
  3. Mahomet avait engagé, par une lettre, les juifs de Kaïnoka à embrasser l’islam ; entre autres il s’était servi de cette expression métaphorique : Faites à Dieu un prêt généreux. Les juifs, toujours portés à tourner en ridicule les paroles du prophète arabe, s’écriaient : « Dieu est donc bien pauvre, puisqu’il faut lui faire un prêt. » C’est à cette occasion que fut révélé le verset 177.
  4. C’est aux juifs que s’adresse ce verset : Ils croyaient, disent les commentateurs, que la preuve la plus évidente de la mission prophétique, c’était d’amener du ciel le feu qui consume les sacrifices. Jésus-Christ et Mahomet seraient les seuls qui n’eussent pas fait le miracle en question. Quant aux prophètes qui l’auraient fait, et dont parle le verset 180, on ne sait sur quel fondement les commentateurs citent Zacharie et saint Jean-Baptiste.