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comme toutes les autres créatures pour être ressuscités au jour du jugement dernier ; sans la croyance en un Dieu unique, et à la vie future, point de salut ; les peines de l’enfer peuvent ne pas être éternelles si Dieu le veut ; le Koran admet un purgatoire ; Les délices du paradis sont réservées aux croyants qui ont en même temps pratiqué le bien ; ces délices sont dépeints sous des traits grossiers et sensuels, mais les plus attrayants sans doute pour un peuple vivant comme les Arabes, et situé comme ils l’étaient et le sont encore ; en effet, la promesse de cours d’eau, de jardins, de verdure, d’une douce fraicheur, de femmes sans vieillesse, devait paraitre un comble de bonheur pour des hommes brûlés par le soleil, entourés de plaines ou de montagnes arides, manquant souvent d’eau, et ne trouvant dans l’autre moitié du genre humain qu’une très courte époque de plaisir, parce qu’ils ne voyaient et ne trouvaient dans les femmes rien qui les élevât au-dessus des brutes. Il est cependant digne de remarquer que les premiers temps de l’islam offrent des exemples d’une grande pureté de mœurs, d’une chasteté, d’un ascétisme, d’un spiritualisme qu’on ne s’attendrait pas à trouver chez un peuple bercé de promesses du paradis mahométan, soit que la piété ait voulut mériter ces récompenses par une vie de privations, soit que les bons instincts de la nature humaine se soient chargés eux-mêmes d’épurer une religion qui s’adressait d’abord aux sympathies du vulgaire. Selon le Koran, Dieu gouverne le monde, il a réglé toutes les choses d’avance ; mais il exauce l’homme, son serviteur ; la prière a son efficacité ; mais c’est un dogme postérieur, que l’intercession de Mahomet au jugement dernier sera également admise. Quant au culte extérieur, cinq choses constituent l’islam ; la prière, le jeûne, l’aumône, le pèlerinage de la Mecque et la guerre sainte ou, pour prendre le mot djihad dans son sens le plus adouci, la propagande religieuse ; La morale du Koran consacre tous les préceptes moraux des autres peuples, mais elle ne s’étend pas en termes aussi positifs que le christianisme à toute la race humaine. Si le succès prodigieux et rapide de l’islam, le nombre de ses sectateurs répandus sur tout le globe, la puissance et l’éclat, les sacrifices et les martyrs, étaient le critérium de la vérité d’une religion, l’islam serait la religion vraie, car il a eu tout cela. Quand on réfléchit que le peuple arabe, du temps de Mahomet, se trouvait en contact continuel avec le christianisme et le judaïsme, et que ces deux religions, si puissantes dans le reste du monde, n’ont fait que peu de progrès au sein de l’Arabie, on est forcément conduit à en conclure que le culte formulé par Mahomet était le seul qui s’adaptât le mieux au caractère de ce peuple inaccessible à toute autre action civilisatrice. On a vu, du reste, par le résumé de la vie de Mahomet, que le triomphe de sa mission ne fut assuré que lorsque les révélations célestes reçurent par un heureux con-