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xvi notice biographique  

rib eurent avec Mahomet sur le mont Akaba, colline voisine de la Mecque, une conférence dans laquelle il leur exposa les points cardinaux de sa religion et les exhorta à la suivre. Cette conférence est connue sous le nom de premier serment d’Akaba, parce que ces douze personnages y jurèrent de suivre les préceptes inculqués par Mahomet. À cette époque de sa mission, il ne demandait pas encore à ses adeptes de s’armer pour la défense de sa religion, mais ils ne tardèrent pas à s’y engager, et voici comment : dans l’année suivante, la douzième de la mission, (622 de J.-C.), une caravane des habitants de Yathrib se rendit à la Mecque, elle était composée de musulmans et d’idolâtres. À la faveur de la nuit, lorsque les idolâtres étaient plongés dans le sommeil, les musulmans eurent une conférence secrète avec Mahomet, et là ils promirent de le soutenir, de lui donner asile et l’engagèrent même à venir s’établir parmi eux. « Si nous nous faisons tuer pour toi, lui demandèrent-ils, quelle sera notre récompense ? — Le paradis ! Répondit Mahomet. — Mais, si nous t’aidons au succès de ton entreprise, ne nous quitteras-tu pas pour retourner à la Mecque ? — Jamais ! je vivrai et je mourrai avec vous ! » répondit il, et en signe de serment on se donna mutuellement la main. On sait que Mahomet resta fidèle à sa promesse. Ce fut le second, le grand serment d’Akaba. Le premier, qui n’engageait pas à s’armer pour l’islam, fut depuis appelé le serment des femmes. Le pacte conclu avec les Arabes de Yathrib, de quelque mystère qu’on eut cherché à l’entourer, fut connu des Koreïchites ; ils résolurent de se débarrasser de Mahomet. Dans la prévision de mesures violentes, Mahomet engagea beaucoup de musulmans mecquois à émigrer à Yathrib. Ces musulmans sont connus sous le nom de mouhadjirs (émigrés) ; enfin, Mahomet lui-même, en trompant la vigilance de ses ennemis, qui épiaient tous ses pas, quitta la Mecque dans la première moitié de juin 622 de J.-C.[1]. Cette fuite, hidjret, dont nous avons fait hégire, est l’ère des mahométans ; mais elle n’a été instituée que dix-sept ans plus tard, sous le khalife Omar. Dans sa fuite, Mahomet fut accompagné par Aboubekr ; poursuivis dans toutes les directions par un parti de Koreïchites, les deux fugitifs se réfugièrent dans une grotte du mont Thour, situé à trois mille au sud de la Mecque ; déjà les Koreïchites qui les poursuivaient se disposaient à y pénétrer, lorsqu’ils s’aperçurent qu’à l’entrée de la caverne une colombe avait déposé ses œufs et une araignée avait étendu sa toile ; ils en conclurent que personne ne pouvait avoir pénétré récemment dans la grotte, et s’éloignèrent[2]Ma-


  1. Mahomet, prévenu d’un complot tramé contre sa vie, sortit de chez lui par une porte de derrière, en laissant son neveu Ali dans son lit.
  2. Quelque minutieux ou futiles que puissent paraître ces détails et d’autres pareils, nous avons cru devoir les reproduire dans cette notion, parce qu’ils con-