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xii notice biographique  

immobile, les regards fixés sur lui, jusqu’à ce qu’il disparut. »

Khadidja fut émue de ce récit, et en fit part à Waraka, dont nous avons parlé plus haut. Depuis ce temps, Mahomet, rentré à la Mecque, recevait sans cesse des révélations de Dieu par l’entremise de l’ange Gabriel (Djebreïl). La première chose que l’ange lui enseigna fut la prière précédée d’ablutions. Mahomet l’enseigna à son tour à Khadidja, qui fut ainsi la première prosélyte de l’islam ; son second adepte fut Ali, fils d’Abou-Talib, puis Zeïd, son fils adoptif, qui est le seul sectateur de Mahomet dont il soit fait mention dans le Koran[1]. On cite ensuite Abdelcaaba, surnommé el-Atik (le noble), homme très-respecté parmi les Koreïchites, à cause de sa connaissance des générations arabes ; il était investi d’une magistrature criminelle chargée de prononcer dans les cas de meurtres et d’amendes, et on s’adressait à lui pour l’interprétation des songes ; en embrassant le nouveau culte à peine ébauché, Abdelcaaba (serviteur de la Caaba) prit le nom d’Abdallah (serviteur de Dieu), et plus tard, lorsqu’il donna sa fille Aïcha à Mahomet, il prit le nom d’Aboubekr (père de la Vierge) ; c’est le même qui fut ensuite le premier khalife ou successeur de Mahomet. Les premières conversions au nouveau culte dont le point le plus saillant et toujours essentiel était l’unité absolue de Dieu, et qui tendait à l’abolition de l’idolâtrie[2], se faisaient en secret, et pendant trois ans la mission de Mahomet ne fut connue que de ses adeptes. C’est l’historien le plus accrédité de la mission de Mahomet qui le dit ; cette circonstance mérite d’être remarquée ; elle explique en partie la différence très frappante qui existe entre les derniers chapitres du Koran, tous fort analogues quant au style, à celui que Mahomet raconte avoir été révélé le premier, et les chapitres qui figurent les premiers dans la rédaction actuelle du Koran. Ceux-là portent l’empreinte d’une exaltation religieuse qui s’épanche dans le vague et ne s’attache à rien de positif, les chapitres longs viennent d’un homme aux prises avec les adversaires de son culte, d’un missionnaire parlant devant le peuple, d’un législateur.

C’est sur l’ordre positif de Dieu que Mahomet commença à prêcher ouvertement sa religion. Ses premières prédications n’excitèrent d’abord que des plaisanteries et des rires ; sa persévérance, son importunité, sa hardiesse à prêcher sous la Caaba la destruction des idoles, donnèrent lieu bientôt de la part des Arabes à des insultes contre lesquelles il fut cependant protégé par ses oncles, bien qu’ils n’eussent pas encore embrassé l’islam. Mahomet eut à essuyer des attaques et des voies de fait ; quelquefois on le mena-


  1. Les deux autres personnages nommés dans le Koran, Abou-Djahl et Abou-Lahab, étaient des ennemis acharnés du nouveau culte.
  2. Les Arabes idolâtres reconnaissaient aussi le Dieu (Allah), mais adoraient en même temps d’autres divinités.