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iv notice biographique  

siècle de notre ère[1], mais la vallée de la Mecque était depuis les temps les plus reculés le séjour des tribus arabes qui se groupaient aux environs du temple de la Caaba, dont ils se disputaient la garde et l’intendance comme un honneur et un titre à la suprématie. Vers l’an 200 de notre ère, un des descendants d’Adnan, nommé Fihr, et surnommé el-Koreïch, devint le père de la fameuse tribu des Koreïchites, qui acquit dans la suite une grande influence à la Mecque. Kossaï, un de ses descendants à la cinquième génération, parvint non-seulement à supplanter les Khozaa, autre tribu arabe, dans l’intendance de la Mecque, mais encore, pour assurer à perpétuité ces importantes fonctions à sa famille, il persuada aux Koreïchites de bâtir à l’entour de la Caaba une ville dont les différentes parties seraient occupées par les membres de la grande tribu Koreïchite. Kossaï éleva pour lui-même une maison plus imposante que les autres, et y fixa le siège du conseil, nadwa, auquel tous les Koreïchites avaient entrée, et où les affaires se traitaient en public. C’était dans cet hôtel du conseil (Dar-ennadwa) que les Koreïchites recevaient des mains de Kossaï le drapeau, quand ils allaient faire la guerre à une autre tribu. Sur l’avis de Kossaï, les Koreïchites consentirent à s’imposer une taxe, rifada (secours), qu’ils payaient à l’époque du pèlerinage à Kossaï, et que celui-ci employait à fournir gratuitement des vivres, aux pèlerins pauvres pendant trois jours qu’ils passaient à Mina, à quelque distance de la Mecque. L’autorité de Kossaï s’accrut encore lorsqu’il parvint à réunir dans sa personne quelques autres charges qui se rattachaient au service de la Caaba ; ces charges étaient sikaïa, l’administration des eaux et leur distribution, hidjaba, la garde de la Caaba et le service de ce temple ; à ces fonctions on doit ajouter la rifada, perception de la taxe des secours, la liwa, droit d’attacher une coiffe d’étoffe blanche à l’étendard des Koreïchites allant à la guerre, et la nadwa, conseil, c’est-à-dire la présidence de l’assemblée des Koreïchites ; quelques fonctions moins importantes furent abandonnées par Kossaï à d’autres tribus arabes[2]. On voit par ce qui précède qu’environ deux cents ans avant Mahomet (vers l’an 440 de J.-C.), les Koreïchites étaient non-seulement en possession d’une autorité régulièrement constituée à la Mecque, mais encore que leur influence et leur considération s’étendaient au dehors ; que, grâce à l’affluence de pèlerins au temple antique de la Caaba, le nom de Koreïchites était connu dans toutes les parties de l’Arabie. Ils avaient en même temps acquis une certaine aisance et même des richesses considérables par le commerce qu’ils faisaient des produits de l’Arabie Heureuse (l’Yémen), en Syrie, en Mésopotamie et en Égypte, d’où ils rap-


  1. Caussin de Perceval, Essai sur l’histoire des Arabes, I, p. 236.
  2. Caussin de Perceval, I, p. 237-240.