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342 LE KORAN.  
    Garde ta femme et crains Dieu ; et tu cachais dans ton cœur ce que Dieu devait bientôt mettre au grand jour. Tu as craint les hommes, il était cependant plus juste de craindre Dieu. Mais lorsque Zeïd prit un parti, et résolut de répudier sa femme, nous l’unîmes à toi par le mariage, afin que ce ne soit pas pour les croyants un crime d’épouser les femmes de leurs fils adoptifs, après leur répudiation[1]. Et l’arrêt de Dieu s’accomplit.
  1. Il n’y a point de crime de la part du prophète d’avoir accepté ce que Dieu lui accordait ; Dieu avait coutume de le faire pour ceux qui ont vécu avant toi. (Les ordres de Dieu sont fixés d’avance.)
  2. Pour ceux qui remplissaient la mission dont Dieu les avait chargés, qui craignaient Dieu et ne craignaient que lui. Dieu suffit pour tous.
  3. Mohammed n’est le père d’aucun homme parmi vous. Il est l’envoyé de Dieu et le sceau des prophètes[2]. Dieu connaît tout.
  4. O croyants ! répétez souvent le nom de Dieu et célébrez-le matin et soir.

  1. On a vu plus haut (verset 4) la distinction que Mahomet voulait établir entre les enfants propres et adoptifs, pour lever les scrupules des Arabes à cet égard. Voici ce qui donna lieu à la révélation du verset 37, qui sert de complément au verset 4. Zeïd, jeune homme de la tribu de Kalb, descendant des Himyarites, fut enlevé par un parti d’Arabes et mis en vente ; Mahomet l’acheta longtemps avant son apostolat, le prit en affection et le traita comme son fils. Lorsque le vénérable père de Zeïd, Haretha, après bien des recherches, eut enfin découvert son fils, il offrit à Mahomet de le racheter ; mais le prophète déclara que, si Zeïd préférait retourner chez son père, il le renverrait sans rançon ; dans le cas contraire, il le garderait. Zeïd déclara vouloir rester avec Mahomet, qui l’adopta solennellement pour son fils devant la pierre noire de la Caaba. Plus tard, Mahomet lui fit épouser une femme nommée Zeïneb (Zénobie). Quelques années après, Mahomet étant allé un jour chez Zeïd, ne le trouva pas et vit seulement sa femme, et sa beauté le frappa au point qu’il s’écria : « Gloire à Dieu, qui tourne les cœurs des hommes comme il veut ! » Quand Zeïd rentra chez lui, sa femme lui raconta la visite de Mahomet, sans oublier l’exclamation très-significative du prophète. Zeïd comprit qu’il fallait sacrifier sa femme à son bienfaiteur ; aussi s’empressa-t-il de la répudier. Mahomet, soit sincèrement, soit en apparence seulement et de peur de scandale, chercha à en détourner Zeïd. Là-dessus, dit-on gravement, intervint la révélation du verset 37 ; qui légitime la passion du prophète, et permet à lui comme aux fidèles d’épouser les femmes répudiées par leurs fils adoptifs. Les musulmans font observer que Zeïd est le seul des contemporains de Mahomet nommé dans le Koran. Il faut cependant ajouter Abou-Lahab, nommé dans le chapitre CXI.
  2. Cela veut dire qu’il n’y aura plus de prophètes après Mahomet. On cite ces paroles de Mahomet : La nebiïa ba’di. Plus de prophètes après moi.