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  CHAPITRE XXVIII. 317
    surrection, quel autre dieu que lui vous amènerait la nuit pour votre repos ? Ne le voyez-vous pas ?
  1. Mais Dieu, par l’effet de sa miséricorde, vous a donné la nuit et le jour, tantôt pour vous reposer, tantôt pour demander à sa bonté des richesses par le travail, et cela afin que vous soyez reconnaissants.
  2. Un jour il leur criera : Où sont mes compagnons, ceux que vous vous imaginiez être dieux avec moi ?
  3. Nous ferons venir un témoin de chaque nation, et nous dirons : Apportez vos preuves. Et ils sauront que la vérité n’est qu’avec Dieu ; les dieux qu’ils avaient inventés disparaîtront.
  4. Karoun était du peuple de Moïse[1] ; mais il agissait iniquement envers ses concitoyens. Nous lui avions donné tant de trésors, que leurs clefs auraient pu à peine être portées par une troupe d’hommes robustes. Ses concitoyens lui disaient ; Ne te glorifie pas de tes trésors, car Dieu n’aime point les glorieux.
  5. Cherche à gagner, avec les biens que Dieu t’a donnés, le séjour de l’autre monde ; n’oublie point ta quote-part dans ce monde, et sois bienfaisant envers les autres comme Dieu l’a été envers toi ; garde-toi de commettre des excès sur la terre, car Dieu n’aime point ceux qui commettent des excès.
  6. Ce que j’ai, je l’ai obtenu par la science que je possède seul[2]. — Ne savait-il pas que Dieu avait déjà détruit avant lui tant de générations d’hommes plus redoutables par leur force et plus considérables par leur nombre[3] ?
  7. Karoun s’avançait vers le peuple avec pompe. Ceux qui

  1. Karoun, Coré de la Bible, dont les richesses ont passé en proverbe chez les musulmans, avait, disent les commentateurs, construit un palais tout couvert d’or ; les portes en étaient d’or massif. Ses richesses l’avaient rendu insensible aux misères de ses concitoyens, et son insolence alla jusqu’à lui faire ourdir une sédition contre Moïse. Celui-ci demanda à Dieu de l’en délivrer. Dieu accorda à Moïse la permission de donner à la terre tel ordre qu’il voudrait. Moïse ordonna à la terre d’engloutir Karoun avec ses palais et ses trésors. La tradition ajoute qu’à mesure que la terre entr’ouverte engloutissait Karoun, d’abord jusqu’aux genoux, puis jusqu’à la ceinture, et enfin jusqu’au cou, il cria quatre fois vers Moïse d’avoir pitié de lui et de lui pardonner ; mais celui-ci demeura inexorable. Dieu aurait fait à Moïse des reproches sur sa cruauté. « Karoun a quatre » fois imploré ton pardon, et tu ne l’as pas écouté ; s’il me l’avait seulement » demandé une seule fois, je lui aurais pardonné. »
  2. Cette science était l’alchimie.
  3. Karoun affectait un grand luxe ; il montait une mule blanche, couverte d’une housse d’or. Il était lui-même vêtu de pourpre, et paraissait toujours accompagné de quatre mille hommes, tous montés et richement habillés.