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288 LE KORAN.  
  1. Il n’y aura point d’heureuses nouvelles pour les coupables, te jour où ils verront venir les anges ; ils crieront : Arrière, arrière avec eux !
  2. Alors nous produirons les œuvres de chacun, et nous les réduirons en poussière dispersée de tous côtés.
  3. Ce jour-là les hôtes du paradis auront un beau lieu de repos et un endroit délicieux pour faire leur sieste.
  4. Le jour où le ciel se fendra par nuages, et où les anges descendront par troupes,
  5. Ce jour-là le véritable empire sera au Miséricordieux. Ce sera un jour difficile pour les infidèles.
  6. Alors le méchant mordra le revers de sa main[1], et dira : Plût à Dieu que j’eusse suivi le sentier avec l’apôtre !
  7. Malheur à moi ! Plût à Dieu que je n’eusse pas pris un tel pour ami !
  8. Il m’a fait perdre de vue le Livre après qu’il me fut montré. Satan est un traître pour l’homme.
  9. Le prophète dira : Seigneur, mon peuple a pris ce Koran en dédain.
  10. C’est ainsi que nous avons donné à tous les apôtres des criminels pour ennemis ; mais Dieu te servira de guide et d’assistance.
  11. Les infidèles disent : Pourquoi le Koran ne lui a-t-il pas été envoyé en un seul corps ? — Nous faisons ainsi pour fortifier ton cœur ; nous le récitons par refrains.

  1. Mordre le revers, le dos de sa main, est chez les Orientaux un signe de dépit et de désespoir. Ce passage peut tout simplement s’appliquer au dénouaient réservé aux infidèles le jour du jugement dernier ; les mots des versets précédents le font entendre assez clairement. Les commentateurs rattachent cependant les paroles des versets 29, 30, 31, à un fait particulier. Un Mecquois idolâtre, nommé Okba, invita un jour Mahomet à un repas ; le prophète ne voulut accepter l’invitation qu’à condition qu’Okba embrasserait l’islam. Celui-ci le fit, et Mahomet mangea avec le nouveau converti. Peu de temps après, Okba eut à essuyer des reproches amers sur son apostasie de la part d’un de ses amis. Okba allégua pour excuse que c’était seulement pour décider Mahomet à manger avec lui qu’il avait embrassé l’islam. Là-dessus l’autre engagea Okba à insulter le prophète en public, et à lui cracher au visage. Okba suivit ce conseil ; celle insulte lui attira la menace de Mahomet. Quelque temps après, Okba, tombé au pouvoir de Mahomet, fut tué par Ali. Le verset 30 semble faire allusion aux instigateurs de l’ami. Comme nous l’avons dit tout à l’heure, les versets 27, 38, 29, n’ont qu’un sens général applicable au jour du jugement ; mais, pendant les prédications de Mahomet, ses auditeurs croyaient trouver dans ses paroles des allusions à tel ou tel fait particulier dont on s’entretenait alors.