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280 LE KORAN.  
    vous punirait à l’instant[1] ; mais il aime à pardonner, et il est miséricordieux.
  1. Ceux qui ont avancé un mensonge[2] sont en assez grand nombre parmi vous ; mais ne le regardez pas comme un mal ; bien plus, c’est un avantage pour vous[3]. Chacun de ceux qui sont coupables de ce crime en sera puni ; celui qui l’aura aggravé éprouvera un châtiment douloureux.
  2. Lorsque vous avez entendu l’accusation, les croyants des deux sexes n’ont-ils pas pensé intérieurement en bien de cette affaire ? N’ont-ils pas dit : C’est un mensonge évident ?
  3. Pourquoi les calomniateurs n’ont-ils pas produit quatre témoins ? et, s’ils n’ont pu les produire, ils sont menteurs devant Dieu.
  4. N’était la grâce inépuisable de Dieu et sa miséricorde dans cette vie et dans l’autre, un châtiment terrible vous aurait déjà atteints en punition des bruits que vous avez propagés, quand vous les avez fait courir de bouche en bouche, quand vous prononciez de vos lèvres ce dont vous n’aviez aucune connaissance, que vous regardiez comme une chose légère, ce qui est grave devant Dieu.
  5. Que n’avez-vous pas dit plutôt, en entendant ces bruits :

  1. D’avoir propagé ou admis des propos outrageants contre la femme du prophète. Voy. la note ci-après.
  2. C’est-à-dire, qui ont porté contre Aïécha, femme de Mahomet, l’accusation d’adultère. Voici l’historique de cet événement. Dans l’année 6 de l’hégire, Mahomet avait entrepris l’expédition contre la tribu Mostalek. Au retour de cette course, et non loin de Médine, un soir quand on levait le camp pour continuer la route, Aïécha descendit de son chameau et s’éloigna pour quelque temps. Ses gens, la croyant déjà montée dans sa chaise, emmenèrent le chameau, et toute la caravane poursuivit sa route. Aïécha, se voyant abandonnée, resta à l’endroit même où elle était descendue, attendant qu’on revînt la chercher, et Gnit par s’endormir. Peu de temps après, un jeune homme, Safwan Ebn el-Moattal, vint à passer par là ; voyant quelqu’un couché par terre, il s’approcha, et, reconnaissant que c’était une femme, prononça ces mots : « Nous sommes à Dieu et nous retournerons à lui. » Puis il se mit à l’écart, réveilla Aïécha, et lui offrit son chameau. Aïécha accepta l’offre. C’est ainsi que le lendemain elle parvint à rejoindre la troupe. Quand l’absence d’Aïécha et son retour avec Safwan furent connus, on tint sur elle des propos malveillants. Mahomet, ne sachant pas ce qu’il devait croire, se trouvait dans une grande perplexité, et ce ne fut qu’au bout d’un mois qu’il déclara connaître la vérité par suite d’une révélation tout à l’avantage de sa femme. Cette révélation forme le principal sujet de ce chapitre.
  3. Ces paroles doivent s’adresser à Mahomet, à sa famille et à Safwan, car la propagation de ces calomnies ne servit qu’à mieux établir l’innocence et l’honneur des uns et des autres.