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244 LE KORAN.  
    accomplie, quand, plongés dans l’insouciance, ils ne croient pas.
  1. C’est nous qui hériterons de la terre et de tout ce qui existe sur elle ; eux, ils retourneront à nous.
  2. Parle aussi, dans le Livre, d’Abraham ; il était juste et prophète[1].
  3. Un jour il dit à son père : O mon père ! pourquoi adores-tu ce qui n’entend ni ne voit, et qui ne saurait servir de rien ?
  4. O mon père ! il m’a été révélé une partie de la science qui ne t’est point parvenue à toi. Suis-moi ; je te conduirai sur un sentier égal.
  5. O mon père ! ne sers point Satan, car il a été rebelle envers le Miséricordieux.
  6. O mon père ! je crains que le châtiment du Miséricordieux ne t’atteigne, et que tu ne deviennes client de Satan.
  7. Son père lui répondit : Tu as donc de l’aversion pour mes divinités ? O Abraham ! si tu ne cesses d’en agir de la sorte, je te lapiderai. Quitte-moi pour de longues années.
  8. — Que la paix soit sur toi, répondit Abraham ; j’implore le pardon de mon Seigneur, car il est bienveillant pour moi.
  9. Je m’éloigne de vous et des divinités que vous invoquez à côté de Dieu. Moi, j’invoquerai mon Seigneur : peut-être ne serai-je pas malheureux dans mes prières au Seigneur.
  10. Quand il se fut séparé d’eux et des divinités qu’ils invoquaient, nous lui donnâmes Isaac et Jacob, et nous les avons faits prophètes tous deux.

  1. Nous croyons nécessaire de fixer l’attention du lecteur sur les noms de prophète (nebi) et d’envoyé (reçoul), joints aux noms de personnages dont il est question dans ce chapitre. Ces mots appartenant tous les deux à Moïse, à Jésus, à Mahomet, l’on s’est habitué à se servir indistinctement de l’un ou de l’autre et d’en confondre la signification ; ils ne peuvent pas cependant s’appliquer indistinctement à tous les personnages qui ont reçu quelque révélation. Le titre de nebi, prophète, appartient à Abraham, à Isaac, à Jacob ; ils sont dépositaires du culte du Dieu unique, mais leur ministère se renferme dans leur famille. D’autres sont des reçouls (envoyés, apôtres), chargés d’une mission spéciale auprès d’un peuple incrédule : tels étaient Houd, Saleh, Choaïb, qui prêchaient les peuples de l’Arabie. C’est à ce titre qu’Alexandre le Grand, que les mahométans ne peuvent, dans leur admiration, se figurer comme idolâtre, est un apôtre envoyé pour châtier les peuples méchants et idolâtres. (Voy. chap. XVIII, vers. 86.) Moïse, Jésus, Mahomet, qui réunissaient dans leur famille le don de prophétie à l’apostolat, réunissent ces deux titres ; à ces nome de nebi et reçoul, les mahométans joignent encore celui de veli (ami de Dieu, ou saint). Ainsi, d’après ce que nous venons de dire, les uns sont nebi, reçoul et veli, et ce sont les plus grands dépositaires de la mission divine ; d’autres, nebi et veli seulement ; d’autres enfin, veli seulement, comme, par exemple, Ali, gendre de Mahomet.