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CHAPITRE XII. | 183 |
- Un Jour les frères de Joseph dirent à Jacob : O notre père pourquoi ne veux-tu pas nous confier Joseph ? Nous lui voulons cependant du bien.
- Laisse-le partir demain avec nous ; il mangera des fruits et il jouera[1] ; nous serons ses gardiens.
- — J’éprouverai du chagrin, dit Jacob, si vous l’emmenez ; je crains qu’un loup ne le dévore pendant que vous n’y ferez pas attention.
- Si un loup doit le dévorer, nous qui sommes plusieurs, nous serions bien malheureux de ne pouvoir le défendre.
- Puis ils emmenèrent Joseph avec eux, et d’un commun accord ils le jetèrent au fond d’un puits. Nous fîmes alors cette révélation à Joseph : Tu leur rediras un jour ce qu’ils ont fait, et ils ne le comprendront pas[2].
- Le soir ils se présentèrent devant leur père en pleurant.
- O notre père ! dirent-ils, nous nous sommes éloignés pour courir à qui mieux mieux, et nous avons laissé Joseph auprès de nos hardes, et voilà qu’un loup l’a dévoré ; Mais tu ne nous croiras pas, quoique nous disions vrai.
- Puis ils lui montrèrent sa chemise teinte de quelque autre sang[3]. Jacob leur dit : C’est vous-mêmes qui avez arrange tout cela, mais la patience vaut mieux. J’implore le secours de Dieu dans le malheur que vous venez de m’apprendre.
- Il arriva que des voyageurs vinrent à passer par là ; ils envoyèrent un homme chargé de leur apporter de l’eau. Celui-ci laissa descendre son seau dans le puits, et s’écria : Quelle heureuse rencontre ! c’est un jeune homme. Ils le cachèrent pour en faire marchandise ; mais Dieu connaissait leurs actions.
- Ils le vendirent pour un vil prix[4] pour quelques drachmes d’argent, et comme tenant peu à le garder.
- Celui qui l’acheta (ce fut un Égyptien) dit à sa femme[5] :
- ↑ D’après une autre leçon ; nous paîtrons les troupeaux et nous jouerons.
- ↑ En Égypte, quand ses frères vinrent chercher des vivres.
- ↑ Mot à mot : d’un sang mensonger, c’est-à-dire, qui n’était pas le sang de Joseph.
- ↑ Joseph est pour les mahométans le type de la beauté. De là l’expression : « vendre Joseph pour un vil prix, » est devenue proverbiale, et revient au même que : « vendre un trésor inestimable pour un objet de nulle valeur. »
- ↑ Le nom de l’Égyptien, trésorier du roi, selon les commentateurs est Kitfir ou Itfir, altération du nom de Putiphar, occasionnée par la confusion des lettres k et f qui ne diffèrent que par les points, la lettre p n’existant pas on arabe. Le nom de le femme, d’après les mahométans, est Zuleïkha.