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  CHAPITRE II. 17
    de votre Seigneur ; mais Dieu honore particulièrement de grâces celui qu’il veut ; or il est le maître de grandes faveurs.
  1. Nous n’abrogerons aucun verset de ce livre, ni n’en ferons effacer un seul de ta mémoire sans le remplacer par un autre ; meilleur ou pareil. Ne sais-tu pas que Dieu est tout-puissant[1] ?
  2. Ne sais-tu pas que l’empire du ciel et de la terre appartient à Dieu, et que vous n’avez d’autre protecteur ni de défenseur que lui ?
  3. Voudriez-vous demander à votre prophète (à Mohammed) ce qu’on demandait à Moïse[2] autrefois. Sachez donc que celui qui échange la foi contre l’incrédulité, celui-là quitte le beau milieu du chemin.
  4. Beaucoup d’entre ceux qui possèdent les Écritures désireraient vous ramener à l’infidélité après que vous avez déjà cru, (c’est par pure jalousie), et après que la vérité s’est montrée clairement à leurs yeux. Pardonnez-leur ; passez outre, jusqu’à ce que Dieu fasse surgir une de ses œuvres[3].
  5. Acquittez-vous avec exactitude de la prière, faites l’aumône ; le bien que vous aurez fait, vous le retrouverez auprès de Dieu, qui voit vos actions.
  6. Ils disent : Les juifs ou les chrétiens seuls entreront dans le paradis. Mais ce ne sont que leurs désirs. Dis-leur : Où sont vos preuves ? apportez-les si vous êtes sincères.
  7. Non ; c’est plutôt celui qui se sera livré entièrement[4] à

  1. Voyez sur les abrogations dans le Koran la notice sur Mahomet, placée en tête de cette traduction.
  2. De leur faire voir Dieu.
  3. Mot à mot jusqu’à ce que Dieu vienne avec son ordre ou avec son affaire, car le mot amr, qui signifie ordre, arrêt, commandement, s’emploie tout aussi souvent dans le sens de chose, affaire, événement ; la chose ou l’affaire de Dieu, c’est quelque événement marquant, un fait providentiel qui change la face des choses. C’est l’acception la plus fréquente de ce mot dans le Koran, bien que dans certains passages ces deux sens se confondent, puisque tout commandement n’a lieu que d’après un ordre de Dieu.
  4. Le texte porte : celui qui se fera mouslim (musulman). Ce mot veut dire : résigné à la volonté de Dieu, qui s’est livré entièrement à Dieu. Nous feront observer, en passant, que les mahométans établissent une distinction entre mouslim, musulman, et moumin, croyant. Le premier se rapporte au culte extérieur, aux pratiques religieuses établies par Mahomet ; le dernier implique la foi vive et sincère. Pour citer un exemple, les Persans (les Chiites), dans leur haine contre les Turcs (Sunnites), veulent bien reconnaître qu’ils sont mouslimin (musulmans), mais ils ne sauraient leur accorder le nom de mouminin (vrais croyants).