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mens, & que les inflammations interieures sont formées, alors les saignées, les émetiques, les purgatifs, les sudorifiques, sont des secours pernicieux, ou inutiles : Que les plus funestes accidens de la peste, comme ceux de la petite verole, se guerissent par la voye des éruptions exterieures, lorsque ces sortes de tumeurs tournent en supuration, & que cette supputation est prompte, abondante & copieuse ; qu’ainsi les Medecins & les Chirurgiens engagez à traiter des pestiferés, doivent être très-attentifs à examiner dès le commencement, la naissance, le progrès & la nature des bubons & des charbons, pour pouvoir prescrire & appliquer sans delai, ce qui est propre à les faire avancer, ces bubons & charbons ne suppurant presque jamais par les seules forces de la nature.

Cette reflexion de M. Verny paroît très-nécessaire ici, après ce qu’il a dit sur l’analogie de la peste avec la petite verole ; puisqu’on voit par là, que cette analogie n’est point si entiere qu’elle ne souffre quelque restriction, les éruptions de la petite verole demandant en plusieurs cas d’être abandonnées au seul soin de la nature, sans qu’il soit nécessaire d’en venir à aucun remede.

On se propose encore de montrer dans ces observations quels sont les veritables signes qui caracterisent la peste de Marseille, quels effets elle a produit sur la masse du sang, & enfin quel usage on doit faire de la saignée contre la peste. Trois points qui méritent une grande attention : quand au premier, on dit que dans le tems que régne la peste, il n’est pas nécessaire que les éruptions qui caracterisent ce terrible mal, paroissent, pour nous faire juger qu’un malade en est attaqué ; mais qu’il suffit que les autres accidens qu’on observe communément dans les pestiferés, se manifestent, & sur tout la concentration du pouls, les yeux éticelans, la langue blanche, le délire phrénétique, le cours de ventre colliquatif, qui ont été les accidens les plus ordinaires dans la peste de Marseille. M. Verny observe même qu’étant allé à Aix pour secourir les pestiferés, il fut surpris d’y trouver un malade qui avoit le pouls plein, élevé