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puissent juger par eux-mêmes de l’excellence de l’Ouvrage.

Le principal but de l’Auteur est d’établir le systême de la digestion par le broyement ; systême qui après avoir été en vogue il y a plusieurs siecles, étoit tombé dans l’oubli, & qui a été enfin remis depuis peu sur les rangs par le sçavant M. Pitcarne, donc M. Hecquet est Disciple. On a vû par l’Extrait que nous avons donné du Traité des Dispenses, les principales raisons sur lesquelles M. Hecquet appuye le systême de la trituration. Nous nous contenterons de ce que nous avons rapporté là-dessus, & nous viendrons ici à une des réponses qu’il fait à M. Astruc. Ce seroit aussi le lieu de rapporter quelques-unes de celles qu’il fait à M. De Vieussens ; mais comme ce sont à peu prés les mêmes qu’il luy a déja faites dans la Dissertation sommaire qu’il publia il y a deux ans, & dont nous avons parlé dans le XXIX. Journal de 1710, nous nous contentons de renvoyer les Lecteurs à ce Journal. Une des plus fortes objections de M. Astruc contre la digestion par le broyement, c’est que le broyement ne peut réduire les alimens qu’en des parties integrantes, qui, quoique trés-menues, retiendront toujours la nature du tout dont elles auront été détachées, & que cette division ne sçauroit jamais aller jusques aux élemens ou principes. Ce raisonnement, qui arrête Monsieur Astruc, est mal entendu, répond M. Hecquet : « Car ce ne sont que les parties integrantes des alimens qui nourrissent, parce que la nutrition n’est point une transmutation d’une matiere dans la substance des corps qui se nourrissent, mais une application ; une union d’une matiere avec une autre. Or que ces parties qui s’appliquent pour nourrir ne doivent être que des parties integrantes, & non des parties principes, on doit en être pleinement persuadé par la reflexion suivante. La nutrition n’est qu’un remplacement de parties, au lieu de celles qui sont dissipées, elles doivent donc être de la nature de celles-ci ; principes, si celles-ci sont principes ; integrantes, si celles-ci tout integrantes : or celles qui se dissipent sont integrantes, car elles ne sont que des atomes insensibles, ou des portions imperceptibles de surfaces, que le frottement des parties détache journellement des solides ; comme donc ces atomes in-