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cette pensée, il compare l’estomac, le diaphragme, & les muscles du bas ventre, tantost à une meule qui écrase des grains, tantost à une scie mousse, patiemment & lentement agitée, qui à l’aide d’un peu d’eau fend les marbres les plus durs ; tantost à un moulin qui remuë, sasse & agite les matieres qu’il contient, qui les tourne & retourne incessamment, & les balotte pour ainsi dire : ce sont ses termes ; tantost à des mains qui foulent & qui paitrissent de la pâte ; tantost à un porphyre qui réduit en une crême fine & délicate tout ce qu’il broye ; tantost à un batoir dont on se sert pour blanchir le linge, à quoy le savon ou autre chose semblable, dit-il, seroit insuffisante pour dissoudre & ôter la crasse, si on ne pressoit le linge, si on ne le frottoit, & si on n’employoit le batoir. En effet, poursuit-il, les battemens du diaphragme & des muscles voisins representent assez bien l’action du batoir, & les mouvemens de l’estomac font comprendre son frottement ou sa trituration. L’Auteur va plus loin, il soutient que les digestions qui s’operent dans les minéraux se font aussi par le broyement ; & pour établir son opinion, il employe plusieurs Chapitres à combattre les levains & la fermention. Aprés quoy il vient aux preuves de son systême de la digestion, & répond aux objections de M. De Vieussens.

Dans la seconde Partie il se propose d’expliquer par la seule trituration, les differentes maladies du corps, principalement celles de l’estomac, & de montrer que ce n’est ni le sang ni les humeurs qu’il faut regarder comme les causes des maladies, mais qu’on ne doit s’en prendre qu’aux solides, c’est-à-dire aux vaisseaux qui contiennent ces humeurs, lesquels les alterent, & leur donnent, dit-il, toutes les mauvaises qualitez qu’elles ont. C’est dans cette seconde Partie qu’il répond à M. Astruc.

L’Ouvrage est précédé d’une Préface où l’Auteur a pour objet de montrer 1o. Que tous les vaisseaux du corps ont un mouvement d’oscillation, c’est-à-dire, de contraction & de dilatation alternative, & que par celui de contraction ils pressent & chassent les fluides, ce qui ne peut être nié d’aucun Médecin. 2o. Que ce mouvement de contraction ou de compression est une véritable trituration, puisque par là les fluides sont battus & chassez, ce qui ne sçauroit être contesté