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aristocratique. Dans un morceau poétique intitulé Ma réponse, elle explique qu’elle ne veut pour mari ni d’un freluquet à la mode, ni d’un arriviste politique : plutôt un étudiant jeune et obscur, dévoré du désir de la gloire. Le voici ! Émile de Girardin, fils naturel d’un général de l’Empire, se distingue de façon précoce dans la littérature et dans le journalisme il conquiert de haute lutte le nom que lui refusait d’abord son père. Il demande la main de Delphine et l’obtient. Le mariage se fait le 1er juin 1831 et Sophie Allart, sœur d’Hortense (toutes deux cousines germaines de l’épousée) écrit à une amie : « Delphine décidément se marie avec Émile de Girardin, reconnu, doté, aimé, poétisé. Il est un peu petit et maigre pour sa belle moitié. Je souhaite cependant que Sapho soit heureuse ». Ce livre de mérite aura bientôt une suite qui nous fera mieux connaître Mme Émile de Girardin.

Ernest SEILLIÊRE.
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LE MUSÉE CONDÉ EN 1924.


Rapport de M. Paul Bourget, président du Conseil des Conservateurs du Musée Condé.


Messieurs et chers Confrères,

Dans le rapport que j’adressais l’année dernière à l’Institut sur la situation du Musée Condé, j’essayais de dégager, parmi les intentions qui ont inspiré le donateur, cette volonté de servir qui a dominé toute la vie de Mgr le duc d’Aumale et qui fait la noblesse de cette haute figure. Je vous disais le généreux prince eut été satisfait de constater par l’affluence des visiteurs durant cette année 1928 combien sa fondation demeure vivante et utile. Je ne puis que répéter ce témoignage pour l’année présente. Un chiffre éloquent permet d’évaluer à peu près le nombre de ces visiteurs. Les entrées payantes du samedi ont produit environ 5,000 francs. Vous jugerez quelle foule a dû se presser dans les galeries et dans le parc les dimanches et les jeudis, jours d’entrée libre. Rien de plus intéressant que de se mêler aux groupes, que d’écouter les propos qui s’échangent, devant des reliques de la vieille France dont chacune est comme une leçon d’histoire, et devant ces