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Le Journal de Françoise
(GAZETTE CANADIENNE DE LA FAMILLE)
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Dialogue des Jimes (Ecrit pour I„e journal de ipj&Kçox&æj “ Je n’ai ni jardin ni parterre Mariant leurs mille couleras, Mais deux Muets, deux tendres fleurs Comme l’Aube en baigne de pleurs : Qui devinera le mystère... ? ” — 11 Moi, répondit l’enfa nt joyeux, Les deux Muets sont mes deux yeux." ’ ‘ Toujours fraiche, toujours vermeille, La fraise embaume et peut parler, Rire, chanter et in’ appeler : Qui pourra donc me dévoiler Ou se cache celle merveille ? ’ ' — L’enfant dit : ‘ ‘ C’est facile aussi / Entre mes lèvres, la voici." ‘1 Mon champ de blé souvent ondule Ses épis d’or jusqu’en mon sein, Pour qu’on n’y fasse aucun larcin, Comme un mur, mon amour Fenceint. Qu’est-ce que ce champ dissimule f ” — L’enfant dit : “ Mes cheveux bouclés Ressemblent fort à l’or des blés." ‘ 1 Qui me dira quelle est la chaîne Dont tes anneaux serrent mon cou ? Pour lui mon amour est si fou Que joui et nuit j’ai ce bijou A la gorge, sans qu’il me gêne." — "Je devine sans embarras, DU Penfant, ce sont mes deux bras.’ ' ’ ‘ Les Muets, ta fraise embaumée, Les blés, le collier seraient peu Si je n’avais, de tou aveu, Cette autre chose du bon Dieu Qu’Il donne à taule mère aimée. —- Et F enfant s’écria vainqueur : “ Mère, cette fois, c’est mon mur." J uî.us-Makiu La nos, Halifax (Nouve 1 le,-F,K’omc), j ni u 1503, madame fldam ADAME Adam vient de pti-F |Ff blier le premier volume de ^ A,—’ ses mémoires. tT) J’en ai terminé la lecture, il y a quelques minutes à peine, et i ’éprouve le vif désir de communiquer à mes lecteurs, le charme dor% elle m’a pénétrée. Hélas! le pourrai-je? non. je le sens bien. Trop souvent, le crayon qui doit esquisser notre pensée, n’en rend que d’indécis et vagues contours. L’impression si belle, si colorée dans l’esprit, perd de sa beauté, de son ampleur, par la reproduction sur le papier. N’importe, j’en parlerai quand même ; je vous dirai, au moins, que le livre est intéressant, qu’il est bon, et vous voudrez, à votre tour, vous procurer les heures délicieuses que, rare avantage dans notre incertaine existence, la lecture du Roman de mon Enfance et de ma Jeunesse ” a le privilège de procurer. Madame Adam, plutôt Juliette Lambert, car elle a signé dé son nom de jeune fille presque tous ses ouvrages, n’est pas une inconnue au Canada, Elle le sait, et je me plais à le lui répéter encore ici. Plusieurs de ses œuvres figurent dans nos bibliothèques, et, tout dernièrement, l’hon. M. Angers, un fin lettré comme l’on sait., me mentionnait “La Patrie Hongroise,” de Madame Adam, comme un des plus intéressants volumes qu’il ait jamais parcourus. et pour lequel, en effet, les critiques français n’ont eu que les plus enthousiastes éloges. Ce que je tiens surtout à dire, de la distinguée femme de lettres, c’est u i 1,0 Roiuau «te çnçktf ei de ma jcuuèAsç, Atph, KÉtfllTi. SNkTfkqu’elle est bonne. Car, je crois fermement que la gloire d’une femme, quelque grande qu’elle puisse être, n’aura jamais que les rayons de ce ’ ' grand soleil de nuit, si pâle et si froid."— ainsi que Juliette Lambert appela la pleine lune, quand ses veux d’enfant la virent pour la première fois,—si la résolution de faire le bien, d’aider à tous ne rendent ces rayons plus chauds, plus pénétrants et partant plus lumineux. Ce souci d’être utile, cette préoccupation de bien faire se traduisent dans les actions de Juliette Lambert dès ses plus tendres années, et. presque à chaque page du 1 ’ Roman de-mon Enfance et de ma Jeunesse,” on en trouve, sous des formes variées, la généreuse expression. Des querelles de famille troublaient très souvent la paix de son intérieur ; toute petite encore, elle essayait de dissiper ces nuages menaçants, on de réconcilier les parties brouillées, et. dans ce but. elle- mettait en œuvre, sa grâce, ses cofinenes, ses séductions d’enfant. Tour à tour emportée dans un véritable enlèvement, par son père et sa grand’mère qui radoraient passionement et qui voulaient garder chacun pour lui seul la plus grande part des tendresses de la petite Juliette, son enfance fut excessivement tourmentée. Mais elle fut aussi la préparation forte aux œuvres fructueuses que devaient plus tard produire H femme. “J’appris, écrit-elle dans cette histoire de sa vie, qu’on peut être utile et hou à ceux qu’on aime, si jeune qu’on soit. J’étais née avec tant de belle humeur, j’étais si heureuse d’un rie», que j’aurais pu aisément devenir égoïste, mais 3e bonheur des miens,.