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FLEURS DE BRUYÈRE
(Sur la route du Juch)


TOUT le long des talus, les bruyères sont roses.
Tout le long du chemin, les vierges vont, chantant.
Curieuses, les fleurs se penchent, écoutant :
— Ces folles-là, tout bas, se disent tant de choses ! —

Ô Vierges, qui passez sur le bord du chemin,
Ne cueillez pas ces fleurs très vite effarouchées.
Car sitôt que vos doigts divins les ont touchées,
Regardez-les, déjà, pâlir dans votre main…

Et prenez garde, aussi, que de sa main profane,
L’inéluctable Eros ne vous cueille demain.
Ô Vierges, qui passe sur le bord du chemin,
Prenez garde : la fleur d’amour, bien tôt, se fane.



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