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LA CHANSON DU CIDRE


Les buveurs, les fumeurs remplissaient la maison,
A peine avions-nous bu dix à douze bolées.
Nous causions, doucement, des blés verts, des gelées.
Du prix des bestiaux, et des futurs Concours,
Quand deux nouveaux venus, sans plus amples discours.
Crièrent, en frappant sur les tables boiteuses :
« A boire, gast, et point de chopines menteuses !
« Des chopines d’un sou ! Des chopines de rien !
« A ta santé, Le Gac — A la tienne, Derrien.
— a II est bon, qu’en dis-tu ? — Heu, j’en connais encore
« De meilleur, — Du meilleur ? Où ? — Chez François Le Corre.
— « Tais-toi, çà soûle trop, ce sacré cidre-là !
— « Tu veux rire ! — Demande à Hamon que voilà :
« Dimanche, nous avons achevé la journée
« Chez Le Corre, et, ma foi, de tournée en tournée,
« Pour le soir, il parait que nous étions si soûls,
« Qu’on nous a mis dehors, bras dessus bras dessous.
« Pourtant, nous n’avions bu que vingt-quatre chopines.
— « Vingt-quatre seulement ? Jean-Louis, tu déclines,
— « Il faut dire qu’avant les vêpres, j’avais pris
« Trois « petits verres » chez Boissel, avec Le Bris,
« Quatre verres de rhum avec Derrien, le maire,
« Qui sirote toujours sa chicorée amère [1];
« Sans compter sept ou huit « mélanges », chez Fermon,

  1. Il est bien entendu qu’il n’y a ici aucune espèce d’allusion
    blessante. Un de mes meilleurs souvenirs « Fouesnantais », est d’avoir
    été traité en ami par ce parfait brave homme, mort depuis longtemps,
    et qu’on reconnaîtra sous ce nom déguisé, un bas-breton qui ne
    buvait que du café au lait. Du café au lait, à Fouesnant !