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LA CHANSON DU CIDRE

Oui y je sais qu’on en rit. Et je sais qu’on en cause.
Eh bien, que voulez-vous, c’est le climat la cause,
Allez, vous dis-je, allez : courez tous les pays,
L’Arabe se remplit le ventre de maïs.
Le superbe Espagnol, dont l’haleine est étrange,
Vit d’une gousse d’ail, et d’un quartier d’orange.
Les pouilleux de Florence, et les lazzaroni
Vivent de l’air du temps et de macaroni.
Au pays de Mireille, à l’ombre du platane,
On déjeune d’un bon melon de Barbentane.
A-t-on le gosier sec, après le sirocco ?
On se contentera d’un verre de coco.
Mais nous, nous qui vivons sous d’autres latitudes,
Nous avons d’autres goûts, et d’autres habitudes.
Nous vivons dans la brume, et dans l’humidité.
Etonnez-vous qu’on mange avec avidité !

Ah ! ce n’est point d’oignons, de pastèques, d’amandes,
Que nous meublons le creux de nos panses gourmandes.
Il nous faut d autres mets que des gâteaux de ri.
C’est de bœuf et de lard que nous sommes nourris.

Les soupes, que l’on trempe aux marmites béantes.
Et qu’on bâfre dedans des écuelles géantes ;
Les bouillis monstrueux, les boudins succulents.
Le lard rose, qu’on sert en quartiers opulents.
Et qui laisse au menton deux longs sillons de graisse,
L’andouille, dont l’odeur vous met en allégresse ;