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XIII
AVANT-PROPOS

Tout dernièrement, un soir de septembre, nous voyagions en voiture de Beg-Meil à Bénodet. Nous venions de traverser Fouesnant, quand, à cent mètres à peine du bourg, une belle fille de 15 à 16 ans descendit d’un champ sur la route, conduisant, par un bout de corde, un jeune cheval qu’elle ramenait à la ferme. Les pieds nus et les jupes courtes, coiffée de cette adorable coiffe « de tous les jours », plus jolie peut-être que celle des dimanches, le cou dégagé dans sa large collerette un peu fripée et défraîchie, son jeune corsage mal épinglé, la fillette marchait, tenant d’une main négligente le bout de corde, et de l'autre puisant dans les deux poches de son tablier de belles pommes rouges qu’elle croquait à belles dents. Et ce fut une fête pour nos yeux de voir ceci : chaque pomme à demi croquée, la jeune fille l’offrait, dans le creux de sa main, au jeune cheval qui la prenait fort galamment. Et, pour achever ce tableau ravissant, dans le cadre idéal du pays Fouesnantais, voici que la mignonne, tout en croquant ses pommes, se mit à danser la gavotte sur le chemin, et, derrière elle, comme énamouré au contact de cette jolie fille, le cheval secouait sa crinière et semblait danser du même pas que la belle.

Au lieu de placer cette scène dans le paysage pour