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LA CHANSON DU CIDRE


Satisfait, largement assis au coin du feu,
Croisant ses grosses mains sur sa bedaine ronde,
L’âme en paix avec Dieu comme avec tout le monde,
Il fumait, il humait sa pipe longuement,
Délicieusement et paresseusement.

Cependant, engourdi par la chaleur de l’âtre,
L’œil demi clos, noyé dans la vapeur bleuâtre
De sa pipe, on voyait Tonton Jean s’assoupir.
Et, tout d’abord, c’était comme un léger soupir
Qui glissait en sifflant sur sa lèvre pendante,
Puis peu à peu, suivant une gamme ascendante,
D’énormes ronflements succédaient… Et, bientôt,
Tout ronflait, Tonton Jean, Fanchic-Camm, et Catho.

II

LA CONFESSION DE LA VIEILLE MAHARIT


Un jour, — oh ! ces jours-là, quelle corvée amère! —
Tonton Jean confessait une vieille commère.
Tonton Jean n’aimait point son confessionnal.
Il y baillait autant qu’un juge au Tribunal ;
Et, mon Dieu, bien souvent, malgré lui, le bonhomme
S’oubliait dans sa boîte, et dormait un bon somme.
Précisons bien le jour : c’était un samedi,
Veille de Pâque, une heure ou deux après-midi.