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cette œuvre et pour vénérer le Saint en présence de son tombeau ; tous les assistants se sont mis à genoux, et M. le Recteur a récité un Pater, un Ave et un Gloria Patri. Immédiatement M. Abgrall a pu retirer du milieu de ces terres fines un fragment d’os considérable qui est une tête de fémur, et successivement il a trouvé trois autres fragments semblant appartenir au même membre, la partie médiane du fémur et l’extrémité condylienne fendue en deux. Ces ossements ont dû avoir été laissés dans le tombeau à l’époque de la translation des reliques a Saint-Pol-de-Léon, soit par vénération pour laisser quelques restes au culte des fidèles, soit qu’ils aient échappé aux recherches, ce qui est moins probable. Leur présence dans le sarcophage ne peut pas être attribué à une infiltration fortuite, car le couvercle fermait assez hermétiquement, et elle ne doit pas non plus être le résultat d’une substitution ou d’une supercherie qui serait encore plus difficile à expliquer, d’autant plus que ces fragments se trouvaient justement a l’endroit du sarcophage qu’ils devaient naturellement occuper lorsque le corps entier y reposait.

Il semble donc qu’on soit autorisé à conclure que ce sont là les restes authentiques de saint Jaoua.

Avant de refermer la sépulture et de remettre le couvercle sur le sarcophage, on a distrait un des fragments d’ossements, la moitié de extrémité condylienne, qu’on a enfermé dans une fiole en verre avec un court procès-verbal rédigé sur place. Cette fiole avec son contenu a été déposée dans le milieu du sarcophage et protégée par un entourage de pierres et d’ardoises, puis le tout recouvert par le grand couvercle.

Un autre procès-verbal de tons ces acres a 6t6 dress6 et consign6 dans le cahier des délibérations de la Fabrique.

Les trois autres fragments ont été soigneusement recueillis, enveloppés dans un linge blanc et scellés pour être soumis à l’examen de l’autorité épiscopale. Monseigneur l’Évêque, après avoir pris connaissance du rapport détaillé et examiné les ossements dont il a brisé les scellés, a conclu à leur authenticité comme restes de saint Jaoua et en a autorisé la vénération comme reliques saintes. En conséquence un des fragments a été porté à Saint-Pol-de-Léon par M. le chanoine Peyron et a été renfermé dans la grande chasse monumentale en même temps que la tête et le bras de saint Pol-Aurélien, le fémur de saint Laurent, diacre et martyr, et l’omoplate de saint Hervé de sorte que la relique de saint Jaoua a eu sa part dans la translation solennelle, le magnifique triomphe du dimanche 5 septembre 1897.

L’année suivante, 1898, le dimanche 6 mars, qui suivait le jour de la fête de saint Jaoua, un autre des fragments, enfermé dans un beau reliquaire nouveau, était aussi porté en procession solennelle, au milieu d’un grand concours de peuple, de la chapelle du tombeau de saint Jaoua à l’église paroissiale de Plouvien. Le même jour une autre petite portion recevait les mêmes honneurs à Brasparts. Le quatrième fragment est conservé à l’évêché de Quimper, au dépôt des reliques.

Il a paru convenable de relater en détail tous ces faits pour que la mémoire ne s’en perde pas et pour contribuer à la gloire de saint Jaoua et de ses restes vénérés.