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LA VIE DE MONSIEUR DE QUERIOLET.

Enfin le jour de sa mort estant venu après Tierce, il offrit le Saint Sacrifice de la Messe, donna la Benediction & le baiser de paix à ses enfants, receut le très-Saint & très-Auguste Sacrement de l’Autel, & appuyé qu’il estoit sur l’Autel, comme une innocente victime, rendit l’Ame à son Createur sans souffrir douleur quelconque. Ah ! que la mort du juste est douce, & qu’il fait bon mourir au pied des Autels. Son Corps fut enseveli honorablement, & quelque temps après à cause des grands Miracles qui se faisoient à son Tombeau, on le leva de terre pour luy rendre les respects qui luy estoient deus ; par après il fut transporté en Flandres, & fut mis reposer dans le Monastere de en la Ville de Gand où il repose à présent.

Sa Vie a esté tirée tant des Leçons que l’Église de Nantes fait lire le jour de sa Feste le troisiéme jour de Mars, qu’autres copies deuëment approuvées, le tout fait et collationné par moy Jullien Nicole Prestre.

Le lecteur a pu constater que les Vies rédigées par Messire Julien Nicole n’offrent que peu d’intérêt, sont assez mal écrites, et qu’il s’est occupé de saints à peu près étrangers à la Bretagne, mais ce qu’il nous a donné de plus étrange c’est sa Vie de saint Guengaloc qui n’est pas autre chose qu’une médiocre contrefaçon de la Vie de saint Guénolé, en latin Guengaloeus. On ne comprend pas qu’il ait pu traduire sa légende du Propre nantais, au 3 mars, sans remarquer qu’il reproduisait l’histoire du glorieux fondateur de Landevenec. A.-M. T.

LA VIE DE MONSIEUR DE QUERIOLET,

Prestre. Il mourut le 8. Octobre 1660.

E ne m’étonne pas que celuy qui a écrit la vie de Monsieur de Queriolet ne l’ait fait connoistre que sous le nom du grand Pecheur converty, puisqu’il faut avouer que le commencement de sa Vie fut aussi rempli de crimes & d’abominations, comme la fin fut accompagnée de Vertus, de penitences &

de Sainteté ; c’est aussi dans ce portrait que nous verrons que Dieu est toûjours admirable en ses Eleus, qu’il ne veut point la mort du Pecheur, & qu’il se sert de toute sorte de moyens pour nous convertir.

Monsieur de Queriolet vint au monde l’année 1602. en la Ville d’Auray en Bretagne ; ses parens furent Olivier le Govello & sa mère Anne Guido, tous deux Nobles d’extraction, ce qu’on peut connoistre par ses Offices & les Dignitez que les personnes de leur Famille ont euës dans les Parlemens, & auprès de la Personne sacrée de nos Roys très-Chrestiens.

Il eut nom Pierre au Baptesme, & ses parens n’oublièrent rien de tous les soins possibles, pour l’élever en la vertu, & en la crainte de Notre-Seigneur ; pour cela ils luy donnèrent des maistres pleins de probité, & l’envoyèrent au collége pour y apprendre les Humanitez ; ce fut là que se joignant à une troupe de fripons, qui par leur libertinage corrompirent bien-tost son bon naturel, il se fit voir le plus dissolu de tous ; il commença