Page:Le Grand Albert - La Vie des Saints.djvu/816

Cette page n’a pas encore été corrigée

VIE DU VEN. ROBERT D’ARBRISSEL,

Fondateur de l’Ordre de Font-Evraud. II motrut le 2. Fev. 1117.

Ce devot instituteur d’un Ordre Religieux, nâquit au bourg d’Arbrissel, dit autrement Arbresec, près de Rennes en Bretagne, de parens pauvres, mais gens de bien; car son pete, appell Damalioque,- se fit Prestre, soit que sa femme nomme Orguendc rut morte, ou que du contentement de son mary, elle se fur faite Religieuse.

Voila quels furcut les parens de ce Robert, lesquels quoyque pauvres, prirent nean- tooins grand soin de le faire tudier; & pour cola ils l’envoyerent Paris off Robert fit bien-tost paroistre les forces de son esprit, rant pour les lcttres que pour la piet; car il seut si bien aceorder les tudes avec la devotion, que chacun voyoit l’oeil des marques videntes de ce qu’il deviendroit un jour. Enfin, il fit un tel progrez dans les sciences, & principalement en la Theologie, qu’il devint un celebre Docteur, dont il prit Ie dcgr, afin de s’acquiter dignement des fonctions d’un Predicateur de la parole Divine.

Alors, qui estoit environ l’an mil soixante & quinze, le siege de Rennes estant vacant, Sylvestre de la Guerche, Chancelier du Duc de Bretagne, Corian II. fur nomm l’Evesch, plus par la consideration de sa naissance, que pour ses grandes lettres; routelois, comme il estoit un homme de probit & craignant Dieu, iI cutun grand soinde pourvoit son Diocese de doctes personnages, afin de supplier par ce moyen au defaut de sa science, & s’acquiter digncment de sa charge. Ainsi oyant parlet de la bonnc conduite du Docteur Robert son Diocesain, & du fiche talent que Dieu luy avoit donn pour la Predication, il l’envoya chefchef Paris, le conjurant de le venir assister fi conduire les ofiailles de JESUS-CHRIST. Robert partit de Paris pour Rennes, off il servit ce Diocese en qualit d’Archiprestre & d’Official, mesme de grand Vicaire l’espace de quatre ans, qu’il employa . pacifier les differens, retirer les biens Ecclesiastiques d’entrc les mains des Laiques qui s’en estoient emparez, fi rompre les mariages incestueux, & reformer le ClergY. Mats la Divine providence, ayant appell l’Evesque Sylestre, au bout de ces quatre anuses, l’envie qui s’estoit attach6e aux belles actions de Robert le royant sans support, se resolut de le perdre. Ce que royant le serviteur de Dieu, & craignant que les crimes qui se feroient a son occasion, luy pfissent 6tre imputez, iI se rotira a Angers off il s’y arresta deux ans a life la Theologie; en telle sorte pourrant qu’il ne perdit jamais la pratique de la priere. Outre cela, formant ds 1ors le dessein d’une vie plus austere, il endossa h nud une cuirasse, cornroe avoit fait autrefois S. Hubert, depuis S. Guillaume, qu’il couvroit de son habit, pour faire que Dieu seul & les Anges fusscut les tmoins de ses actions de penitence, qu’il ouloit cachet aux hornroes. Apres il alia en la solitude de la forest de Craon en Anjou, avec un seul disciple, savoir un bon Prestre, qu’il jugea seul capable de son dessein. Ce fut In, que redoublant ses ferveurs chastier sa chair, il ajofita ’i sa cuirasse de ferun cilice, & n’usant point d’autre aliment que des herbes qui croissoient en ce desert, a,eec de l’eau pure; & pour se coucher, la platte terre avec quclque pierre ou caillou pour luy servir de chevet.

Mais toutes ces choses n’estoient passes plus grandes souffrances; les combats qu’il softrenoir interieurement esioient plus rudes; car fl ressentoit, cornroe dit son Histoire, un certain rgissement dans son Ame, lequel se produisoit par de continueIs sanglots,