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LA VIE DE $. JACUT. 775 nautonniers agitez d’une furieuse tempeste, se voyans reduits en un si manifeste danger, n’curent point de plus asseurez remedes que d’invoquer avec grande confiance saint Jacut & saint Guethenoc, qui les secoururent si/ propos, qu’au roesroe temps patoissans Fun au derant du nayire, & l’autre au gouvernail, ils apaiserent la tempeste & les tirerent du danger. Un autre fois arriva qu’un certain passager proche Landorart norare6 Cadreuc, qui avoit ectte loftable cofitume que de ne rien prendre des pauvrcs personnes qu’il passoit, voulant un jour extorquer son salaire d’un pauvre miserable, il s’61eva sur le champ une si horrible tempeste dans la met que Cadreuc eroyoit estre perdu, puis le dinhie entrant dans le corps de ce passant, le tourmenta de telle sorte qu’il tomba mort h l’heure mesme aux pieds de Cadreuc, lcquel bien 6tonn6 de ces accid6ns, passa la nuit en grande tristesse; le matin estant renu saint Jacut & saint Guethenoc advertis de ce qui s’6toit pass6, se transporterent sur le lieu, oh apr6s avoir bl’am6 l’avarice de Gadreuc, faisant Oralson sur le mort luy obtinrent & la veu & la sant6 meilleure qu’il n’avoit auparavant. Ce mal-heur si manifeste donna rant d’efficace aux remonstrances faites Cadreuc, qu’il proposa d6s lots, cornroe un antre saint Pierre, de tout quitter pour se sofimettre t la discipline & conduite de ces deux Saints, ainsi qu’il fit peu de temps apr6s, car l’odcur de leur vertu qui s’augmentoit de jour en jour, ayant attir6 plusieurs personnes h se ranger sous Icur discipline, ils furent oblig6s de faire construire le Monastere de Landoiart, pour satisfaire h cette devotion, auquel Cadreuc s’6tant rendu des premiers, fur incontinent fait Beligieux & y yescut en tclle Saintet6, qu’il s’est acquis une place au Catalogue des Saints. Cependant cornroe le troupean du Seigneur se multiplioit jour- nellement entre ]es mains de ces deux boris Pastcurs, ils se virent en peu de temps contraints pour l’advancement de la gloire de Dieu & utilit6 de ses Oailles, de se separer en prenant comme Loth/I: Abraham l’un la dextre, l’autre la senestre, & faire division du grand nombre de leurs Beligieux en deux belles Communautez, afin de les conduire chacun en particulier avec plus de vigilance & d’cffet au haut de la perfection, s’oublians ainsi de !cur propre interest en faveur de leur Troupeau, de sorte que le Monastere de Landorart, avcc certain hombre de Iteligieux, estant demeur6 sous la direction & conduite de saint Jacut, il commena /i redoubler ses soins & ferveurs, pour leur avancement, disant que puisqu’il restoit seul en cette obligation il ne les pouvoit excuser d’en acquitter les conditions, & afin d’imiter aussi en cela son prototipe dont il est dit qu’il eommena de faire avant que d’enseigner, & n’estimoit pas pouvoir faire une remonstrance ny donner un bon advis s’il n’en donnoit l’exemple & la pratique. Enfin quoy que la negligence de ceux qui ont eu eonnoissance partieuliere des gestes, pratiques & vertus de ee grand Saint, off les infortunes & mal-heurs des temps nous privent de la satisfaction d’en voit maintenant le debit, il suffit neanmoins pour en former de hauts sentlinens de respect & d’admiration, de savoir que Abralion second Boy de Bretagne, visitant ces quartlets 1, fur attir au bruit de la saintet & perfection de saint Jaeut,/I: le visita pour confrer avec luy, & en demeura tellement difi qu’il l’estima digne de liberalitez, en confirmation de ce qu’avoit commenc le Saint de luy faire une ample donaison de route l’Isle de Landofiart & de plusieurs autres terres 8, Seigneuries dpendantes, pour l’entretien & amplification de son Monastere. Pinsieurs Seigneurs h son exemple en firent de mme, entr’autre un nomm Theotin, lequel donna plusieurs rentes/I: revenus au Monastere, pour estre fait participant des Merites de saint Jacut, & de ses Religieux, lequel apres avoir saintement gouvern le Monastere plusieurs armies, piein de jours & de merites, rendit enfin l’ame t son Createur le huitime jour de Fvrier, environ l’an 440. auquel l’Eglise celebre sa Feste. Sa vie fut encore illustre de plusieurs Miracles apres sa mort & son pouvoir s’est V. ms S. 51