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grace pour motif d’une vie parfaire, il luy sembla qu’il n’avoit encore rien mis du sion t la poursuite de la vertu, & l’ge qui le mettoit dans l’adolescence, l’obligeoit d’entreren ce commerce; puis se proposant pour regle dc vie la joye 6troite des consells Evangeliques, il commena de tootrifler son corps par veilles, jeanes & disciplines, cilices & antres austeritez entremes16es d’une ft’equente Oraison, apprenant ainsi son corps h obeir /t l’esprit derant qu’il y sceft rcgimber; mais cornroe sos rigueurs extraordinaires ne suffisoient pas exterieurernent / son dessein, il y adjofitoit des interieures h cheque occasion; en sorte qu’un jour qu’il 6toit sorti du Monastero ayant fait rencontre d’un pauvre lepreux qui le pria instamment d’une aum6ne, le Saint apr6s avoir regard6 de tous ctez, & reconnC qu’il n’6toit aperu de personne, s’6tant aproch6 du pauvre luy donna l’aurn6ne, puis d’une tervcilleuse force d’esprit, foryour & charit6, Iuy baisa los mains dcmy pourrios, duquel attouchemcnt le lepreux demeura parfaitement guery.

Ce miracle ne peut demeurer each6, & bon-gr6 rnal-gr6 saint Jacut, l’on sut qu’il cn a�oit est6 le mediateur,/ raison de quoy �oyant que sa renorn6e s’augrnentoit dejour cn jour, il pensa que pour fuir los occasions & attaques de la raine gloire, qu’ilhalssoit cornroe la mort, il devoir entier6ment donner du pied au monde; c’est pourquoy il se resolut de prendre l’habit de Religieux avec son frere Guethenoc (1), dans lequeI 6tat il seroit difficile de ratontot avec combion de rigueurs 8 austeritcz il ’cut. Ce nouel habit luy fit quant & quant renouveler sos premieres ferveurs, sos jenes 6toient plus frcquens, sos veillos plus continuelies, &ses Oraisons plus assidus, & quoy qu’il sem- blfit los interrompre pour vacqucr au travail manuel, auquel il cmployoit la plfipart du jour, il en 6toit routelois si peu diverti, qu’il sembloil ne travailler que pour prier, ayant continuellement le coeur 61ev6 en Dieu; la qualit6 de son �ivre plus propre / ruiner l’appetit qu’/t satisfaire la necessit6, il alloH de pair avec l’austcrit6 de sos jeanes, n’usant pour son manger que des racines ou du pain mixtionn6 de cendre, & pour son breuvage d’un peu d’eau; ses saints exercices qui ne laissoient rien de vicieux h d6truire dans leur principe, produisoient de jour en jour de nouveaux desits de perfection dans l’esprit de saint Jacut, en sorte qu’il prit resolution d’alter trouver S. Patrice qui �ivoit lots en Ecosse (2) en grande saintet6 pour apprendre sa forme de vie, ce qu’6tant pr6s d’ex6cuter, S. Patrice luy apparut la nuit suivante, & le d6tourna de ce voyage, luy d6clarant que !a volont6 de Dieu 6toit qu’il demeur�t dans la petite Bretagne, afin qu’elle fust illustr6e de ses vertus, cornroe l’6toit l’Ecosse de sos Miracles.

Cette resolution qui portoit une entiere approbation de la part de Dieu du genre de vie que roenoir saint Jacut, sembloit le detroit persuader de s’y arrestor cornroe dans un �ray sentier de perfection: mais rant s’en faut qu’il se ]aissa flatter de cette pens6e, qu’au contraire, touch6 d’un vif ressentiment, & de ce t6moignage de la bont6 de Dieu, cornme une nouvelle obligation, considerant que la multiplicit6 des occupations de la ie ccenobitique, qui partagent souvent los affections de l’ame, aussi-bicn que la frequente conversation des personnes, mesrnes lcs plus vertueuses, luy donnoient tojours quelque conlrepoids qui la d6tourne de la presence de son Dieu, que ce choix de Marie estoit preferable à celuy de Marthe, & la contemplation t l’action, resolut enfin par un desir

(t) D’autres disent que saint Gu6th6noc aurait d’abord suivi la carriere des armes, puis aurai; embrassé la vie monastique ; sa premmiere profession lui aurait valu le snem de Cadwan, c’est-e I guerrier. C’est sous cette appellation qu’l est d6s ds une pisse don il eat patron, Poan (dieze de QuimperL Le nora de Gu6thenoe a subi diff6rent transformations: Gu6z6aec, Guennec, V6nec. C’est sous ce dere nora que le t eat honoe dans une gracieu Chaperie non loin de la petite ge de Qu6m6n6’en. L’église abbatiale de Land6v6nec possédait des Reliques de ce frere de sain Gu6noI6; plusieurs églises, en partieulier la Cath6drale de Quimper, en ont encore des parceries. -- A.-M. T.

(2) Ce qui fait er not auteu dans cette errour smguere, e%st que los hints de Flrlande 6ient ors appe16s los .cots nora qui plus tard est alerenu celul des souls hints de l’Ecosse. A.-M. T.