Page:Le Grand Albert - La Vie des Saints.djvu/802

LA VIE DE S. COLOMBAN. 763 VII. Ge bon leligieux se voyant chass6 de son Abbaye, se retira A Besanqon, ofa en faycur de plusieurs personnes, il fit voir le pouvoir & autorit6 que Dieu lui avoit donn6; car s’6tant transport6 en la prison o/ il exhorta les prisonnicrs A la Contrition & au repentir de leurs fautes, ces criminels l’6couterent, le Saint meu de compassion toucha leurs fers, qui se briserent au seul attouchement de scs mains, il leur lava les pieds, les essuya avec route humilit6, les conduit hors de la prison & de lh h l’Eglise afin d’implorer la Divine misericorde pour l’abolition de leurs crimes. Cornroe ils approcherent de l’Eglise, ils trouverent les portes ferm6es, & apper9urent une troupe de soldats qui les poursuivoient, pour les reconduire en prison. Ils jetterent les yeux sur leur Liberateur; qui eut recours .4 l’Oraison, priant Dieu que puisque par la grace ces pauvres miserables avoient 6t6 delivrez, qu’il ne permit pas qu’ils fussent repris. Sa priere fur exauc6e, car /t l’instant les portes de l’Eglise s’ouvrirent d’elles-mmes pour introduire ces pauvres fugitifs. Quand ils y furent entrez elles se refermerent de fagon que les soldats qui les poursuivoient, voyans ce miracle, n’oserent attenter fi lent personne, le peuple royant cettc action, 1ofia hautement la Bont6 de Dieu, qui se faisoit ainsi paroltre par le tooyen de son Serviteur. Le Saint s6journa en ce lieu quelque temps, neanmoins 6pris d’un saint desir de revolt ses Religieux, & anita6 d’une sainte confiance, il s’en retourna en son Monastere, esperant que peut-estce le Roy changeroit d’avis & auroit gard son innocence. VIII. Brunechilde ayant entendu ce retour, resolut de s’en defaire, & abusant de l’autorit du toy, envoya des satellites qui se saisirent de sa personne pour le conduire hots du loyaume. Comme ils arriverent pour executer le dessein de cette teyne passionne le Saint lisoit en un livre la porte de l’Eglise; mais comme autrefois les soldats du toy de Sirie furent aveuglez aux aproches d’Eliz6e, de m6me ces soldats on executeurs des volont6s du Roy, ne pfirentjamais appercevoir l’homme de Dieu Colomban, quoy que souvent ils lny marchassent sur les pieds, & lui touchassent sa robbe, pendant qu’il rendoit mille actions de graces au CieI, qui rend les efforts des puissants sans effet, quand il lui plaist. Par ce tooyen les officiers de sa Majest s’en allerent les mains vuides. IX. Le Saint craignant qu’il ne fft la cause de quelque trouble, il ceda son banis- sement, & se laissa conduire bors la France scion les ordres du Roy. I1 partit donc de Luxueit & vint Besanqon, d’ofi prenant le chemin par Avalon & par Auxere, il se vint embarquer h Nevers sur la Loire, de lfi il descendit Orleans &/ Tours, off passant bon-gr mal-gr ses gardes, il luy fur permis de veillet une nuit au Tornbeau de saint Martin, & puis enfin ils aborderent h Nantes, voulant par ce moyen honorer la Bretagne de sa presence, non seulement pendant sa vie, mais encore luy donner ses leliques apr6s sa mort, cornroe un gage de l’amour qu’il luy a port, permettant qu’elles y ayent est transport6es au grand contentement de tout le Pays qui Ies compte au nombre de ses Thresors les plus precieux, & le met au catalogue de ses Saints, h cause de l’honneur qu’il luy a fait de la visiter dans une des plus fameuses de ses viiies. Ce n’a pas est sans raison que j’ay nomm tousles lieux par off il passa, car il ny en a aucun qu’il n’aye signal par quelque signe ou prodige. Au partit d’Avalon il dlivra 12 possedez par un demon enrage, guerit cinq frenetiques. A Auxere il dlivra un autre demoniaque qui avoit couru plusieurs lieux sans se reposer, afin de pouvoir trouver l’homme de Dieu. A Nevers un des gardes ayant donn un coup d’aviron sur le bras d’un de ses Religieux, il l’en reprit sever6ment, !e menaqant de la colere de Dieu, qui le punit de mort fut noy quelque temps apr6s en la mme place. A Orleans il donna la clart fi un aveugle, & dlivra autant de possedez qu’on luy en amena. X. A Tours, off cornroe nous avons dit, il passa la nuit au Sepulcre de S. Martin, son passage n’y fut pas sans Miracle; car contre le gr des gardes, qui ne luy vouloient pas