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762 LA VIE DE S. COLORBAN. terre, qu’il venoit de cultiver. II obtint du loy une vaste solitude pour 1ors ape!le Volge ou Vosage, off ils se retirent en un vieil chateau nommé Anagrata, off ses Religieux vécurent quelque temps en une si grande disette de vire, qu’une lois l’espace de neuf jours ils nc mangerent que des fueilles d’arbrcs. Mats Dieu qui a fait pleuvoir la manne au desert pour hourfir son peuple, pourveut aussi // ceux-cy de vivres en abondance, par une Providence tout admirable.

IV. Plusieurs personnes difies de la Saintet de leur Vie, s’adresserent/ S. Colomban, le suppliant de les admettre ensa Compagnie; ce Saint royant que co lieu n’6toit pas commode pour recevoir ant de personnes, en rechercha un autre, qui fut le chateau de Luxueil, distant de trois ou quatre lieus de cette premiere solitude, c’est / present Lisieux (1). L/ ils dresserent une Chapelle sous le nora du Prince des Aptres S. Pierre, avec de petites Celulles en faon de cabanes pour leurs demeurcs; off jour & nuit ils vacquoient /t la Contemplation des choses eelestes, qui leur faisoient oublier cellcs de la terre. Et de la sortc commena l’Abbaye de Luxueil, off les Miracles ne manquerent non plus qu’en tout le reste de sa vie; mats je Ies reserve/t la fin de l’Histoire de sa Vie, afin de n’en interrompre la suitte.

V. Saint Colomban royant que la benediction de Dieu se repandoit si sensiblemerit sur son Monastere, & que le nombre de ses Religieux grossissoit, il travailla/t b/ttir un autre Monastere qu’il riomina Fontaines, pour la grande quantit des sources d’eau vive qu’il y trouva, cette nouvelle maison se trouva en peu de temps peup16e de Saints Habitans, Colomban leur Abb leur prescrivoit des legles qu’ils observoient ponctuel- lement. Pendant ce temps la renomme de Colomban voloit par tout, tant h cause de ses Miracles que de la saintet de sa Vie, & du gouvernement de ses Monasteres; Theodoric ou Tierry qul pour lots regnoit en Bourgogne, en entendit parler. Cette Province luy � toit tombe en partage apres la mort de Sigebert son Pete; Theobert son Frere tant en possession de l’Austrasie. Theodoric done luy portoit beaucoup de respect, conversoit familierement avec luy, le venoit visiter & recommandoit h ses Prieres, & sa personne, 8 le Gouvernement de son Boyaurae. Ce Boy 6toit un prince voluptueux, qui scandalisoit tout son peuple par ses amours impudiques, tenant ensa Cour des femmes de mauvaise vie,/t la honte de sa femme legitime. VI. Colomban cornroe un autre S. Jean Baptiste, l’en reprenoit & luy reprochoit librement l’infamie de son vice. I1 refusa m/hne de donner sa benediction aux enfans de ses concubines, & jamais ne voulut accepter les viandes qui luy furent envoycs de sa part, dormant pour reponse, cette Sentence de l’Escriture : Le tres-Haut re]ette les offrozdes des irpies. Disant cela, les plats & les fiaccons se brisercnt entre les mains des porteurs, & rant levin que les viandes furcnt rpendu/s par terre. Le Boy saisi de crainte /t cause de ce-cy, s’en alla de grand matin le trouver pour luy demander pardon, avec promesse de se corrigcr, 8 peut-cstre il l’efit fait, tant persuad par les rives raisons de ce Serviteur de Dieu; mats la Beync Brunehaut, ou autrement Brunechilde, qui toit une femme imperieuse, & qui toit bien aise de gouverner l’Estat, entretenoit lc Boy, qui toit son petit Fils, enses mauvaises pratiques, craignant que s’il se voyoit plus que la Reyne sa femme, son autorit ne diminuSt, & que le pouvoir qu’elle avoit aupr6s de sa Majest6 ne pass/t h la pcrsonne de la Beyne sa compagne. Brunechilde done reit en l’esprit du Boy, que l’Abb Colomban toit un horninc fficheux & de mauvaise humcur, & qu’h la fin il se tendoit insuportable. Elle fist couler ses meschantes persuasions avec tant d’arttrices dans l’esprit du Roy, que se degofitant de la conversation du Saint, il luy fit commandement de se rctirer de scs Estats, apres y avoir sjourn ving ans avanc Ic service dc Dieu en toute diligence. {t)

Lisieux, ville de Normandie n’a rien de commun avec la célèbre abbaye de Luxeuil en Franche-Comté. A.-M. T.