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LA VIE DE S. SECONDEL.

negative, j’en laisse la décision au lecteur judicieux. Que si c’est un même, la Bretagne & spécialement la ville de Rennes, a encore un plus grand sujet de devotion & respect envers ce grand Saint qui la voulut si avantageusement favoriser de ses soins & arrouser de ses sueurs.

Cette Vie a esté recueillie par Mre Julien Nicole Prestre, des Aulheurs susdits, du Breviaire d’Avranches, & de la Legende de Bretagne en la vie de saint Melaine le 6. de Novembre, & de quelques autres.

LA VIE DE SAINT SECONDEL RECLUS

Le vingt neuviéme Avril.

Grand Saint Secondel, en Latin Secondellus, comme on peut plus probablement conjecturer, estoit Breton de nation, Religieux Reclus de Profession, & qui à cause de ses mérites avoit esté élevé à la Dignité de Diacre. Le nom de ses parents, & de sa famille nous est inconnu, mais l’éclat de ses vertus,

est un brillant pour la Bretagne, digne d’attirer des larmes du cœur des pêcheurs, & une ample matière aux bons Chrestiens, de produire mille actions de graces à la Souveraine Bonté, qui a voulu mettre au jour tant de merveilles par le ministere de son serviteur. Ce qui fait croire qu’il estoit natif de Bretagne, est à cause qu’il estoit Disciple de S. Friard, animé de mesme zèle avec luy, & qui se rendit compagnon infatigable & inseparable de sa Penitence, & de ses austeritez. Secondel donc désireux de servir son Dieu en estat de perfection Evangelique, considevant que le monde pouvoit destourner ses desseins, & empescher ses intentions, jugea que pour prévenir des effets si pernicieux à ses désirs, il en falloit oster la cause ce fut pourquoy il dit adieu au monde, & de peur que ses attraits ne dérobassent son cœur, il voulut fermer les yeux à tout ce qu’il luy pouvoit promettre d’avantageux. Il se commit à la discipline de S. Friard, qui pour lors vivoit avec tant de Sainteté & de simplicité dans le pays Nantois, que ses vertus attirèrent Secondel en sa compagnie à dessein de se rendre imitateur d’une vie si austerement douce. Or afin que ces deux Saints s’adonnassent tout de bon et totalement aux exercices de Piété & de Religion qu’ils embrassoient, davantage ne pouvant voir la cruauté qui pour lors s’exerçoit dans le pays Breton, qui sembloit estre devenu comme un theâtre où Mars représentoit de sanglantes tragedies, ils jugèrent à propos de se retirer loin des hommes, & de tout ce qui pouroit pervertir leur dessein. Ils entrent dans le désert, là où ils commencèrent une façon de vivre, épouventable aux yeux du monde, plaisante aux yeux des Anges, & agréable à ceux de Dieu. Leur employ estoit la Priere, leur exercice la Meditation, leur repos les Extases, & le service de Dieu où ils s’estoient consacrez, estoit le centre & le but où se terminoient tous leurs souhaits. Il y a une Isle dans le territoire de Nantes, que St. Grégoire de Tours en la vie des Pères chap. 10. appelle Vzndt’nu-a, & en françois Vinduvit située dans la riviere de Loyre vis à vis de la paroisse de Bénay, laquelle estant separée de l’approche des tl) VoyM la Vie de saint Friard, au 1" toM, p. 363.