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LA VIE DE SAINT BRIAC,

Confesseur, Abbé, Patron de Boulbriac en Trégner, le 17. de Decembre. >e—

AiNT BRiAc nâquit en Hybernie, de parens nobles, qui demeuroient en la province d’Ultonie, en laquelle son Pere avoit le gouvernement de quelques places d’importance. Dés son bas âge, il se montra enclin à la vertu, en laquelle il fit, avec le temps, un si notable progrès, qu’estant jugé capable

des lettres, il fut envoyé aux écolles, où il étudia & fit son cours és humanitez & philosophie, puis s’en retourna à la maison. Son Pere, désireux de le faire grand, le voulut envoyer à la cour du Prince, mais le jeune homme, prevenu du désir d’atteindre à la perfection Chrestienne, se déroba, &, montant sur mer, se rendit au pays de Wales en la grande Bretagne, non loin du Monastere dont saint Tugduval estoit Abbé, lequel, ayant eu revelation de son arrivée, le manda venir à luy. Le jeune homme, arrivé au Convent, se jetta aux pieds du saint Abbé, luy dit qui il étoit, d’où et comment il estoit venu là, le suppliant de le recevoir au nombre de ses Disciples & Religieux. S. Tugduval le releva et le mena en l’Église, où lors on célébroit la Messe Conventuelle ; & comme ils entroient dans le Chœur, le Diacre chantoit ses paroles de l’Évangile « Celug qui ne renonce à tout ce qu’il posséde ne peut estre mon Disciple. » Ce qui confirma le postulant en son bon désir, & l’Abbé à luy accorder sa demande, & l’admettre au nombre de ses Religieux.

II. Briac, ayant receu l’habit, commença à mener une vie si exemplaire & religieuse, que les autres Novices le regardoient comme un modele d’un parfait Religieux. Il cherissoit surtout l’humilité, laquelle paroissoit en toutes ses actions ses habits estoient pauvres & de viles estoffes ; il se plaisoit aux offices les plus humbles, à balayer le Monastere & en oster les immondices il ne mangeoit que du pain sec avec du sel, beuvoit de l’eau froide, que rarement il trempoit d’un peu de vin, pour la colorer seulement il jeusnoit estroitement les jeûnes de la Regle, dormoit sur la dure, employant la meilleure part de la nuit à la prière & aux études des saintes Lettres. L’an revolu, il fit Profession, &, peu après, fut envoyé vers l’Evesque Diocesain, duquel il receut les Ordres jusqu’à la Prestrise inclusivement, non sans repugnance de son costé, son humilité luy faisant croire qu’il estoit indigne de cette dignité. Neanmoins, il fit joug à l’obéissance & se laissa ordonner Prestre, chanta sa Messe avec une singuliere devotion & consolation de son Ame.

m. Deux ans après, S. Tugduval ayant eu commandement du Ciel de se transporter en la Bretagne Armorique (comme nous avons dit en sa vie, le 30. Novembre), il choisit pour compagnons de sa navigation 70. Religieux, desquels les plus signalez en sainteté estoient S. Ruelin, S. Loëvan, S. Guewroc & nôtre S. Briac, tous lesquels, s’estans embarquez en un vaisseau qu’ils trouvèrent à la prochaine rade, cinglèrent à travers l’océan Britannic, &, le lendemain, à trois heures de releyée, prirent terre en l’isle de Kermorvan, devant le Conquest, Paroisse de Plou-Moguer, en Léon &, si-tost qu’ils eurent mis pied à terre, le vaisseau qui les avoit portez, avec tout son équipage, disparut ce qui leur fit connoistre que c’estoit une singuliere faveur du Ciel, qui leur avoit fourny ce passage miraculeux, dont ils rendirent graces à Dieu, s’estans agenouillez sur la grève, par commandement de S. Tugduval, pour faire leur oraison. IV. S. Briac demeura au Monastere de Land-Pabu (qu’ils avoient basty en un petit