LA VIE DE S. JUDICAEL.
a depuis longtemps disparu, mais il a dû servir pour exécuter la statue de bois autrefois vénérée dans la même église, où elle était adossée au second pilier de la chapelle dédiée à saint Antoine de Padoue. Quand l’église Saint-François eut été dépouillée, comme on l’a vu, cette statue fut portée à Saint-Corentin. Le 12 décembre 1793, quand les charrettes chargées des saintes images et des débris du mobilier de la Cathédrale passaient par la rue Sainte-Catherine pour aller au Champ de Bataille où le tout allait être brûlé, la statue de saint Jean Discalcéat roula sur le pavé, devant la maison de madame Boustouler ; comme la statue est de petite dimension, il fut facile de s’en emparer et de la cacher quand les églises furent rendues au culte, ce fut la fille de cette vaillante personne, Pauline Boustouler, femme de Pierre Thomas, qui restitua à la Cathédrale la statue aujourd’hui plus vénérée que jamais, devant laquelle tant de fidèles tiennent prier pour obtenir de retrouver les objets perdus, pour demander un temps favorable, pour obtenir toutes sortes de grâces. L’argent qu’on lui offre constitue une ressource importante pour la Cathédrale, et les pains déposés devant son image attirent bien des pauvres, les jours de marché. Des instances en cour de Rome pour l’approbation du culte immémorial rendu à S. Jean Discalcéat ont été faites il y a quelques années et sont reprises en ce moment. On a vu dans la Vie que saint Jean était vêtu « d’une grosse et ville étoffe grise ; » sa statue ayant été faite à une époque où les Cordeliers avaient adopté en France l’habit de couleur noire, la robe et le capuce du saint furent peints en cette couleur, d’où le surnom de Santic Du « le petit saint noir.)) Depuis quelques années la robe a été repeinte en brun.
LA VIE DE SAINT JUDICAEL, OU GICQUEL,
Rog de Bretagne Dononée, Con fesseur, le ~6. de Decembre.
AiNT JUDICAEL, fils aisné de Juhaël, Roy de Bretagne Dononée, & de la Reyne Pritelle, fille aisnée d’Ausoche, prince au Comté de Léon, fut élevé, avec ses autres frères Josse & Winoc, au palais de son Pere (1) ; lequel estant decedé, il fut solemnellement couronné Roy, & receu de ses sujets, qui se promettoient
un siècle d’or sous le règne d’un prince si saint et vertueux. TI gouverna son Estat en paix quelques années, jusques à ce que Dagobert, Roy de France, s’avisa de luy faire la guerre, pour les causes rapportées au long par nostre Historien. Les deux Roys armèrent ; & les François vinrent les premiers fourrager les marches de Bretagne mais les Bretons les chargèrent & contraignirent à se retirer & laisser leur butin puis, coururent tout le Maine qu’ils ravagèrent jusques aux portes du Mans. Dagobert renforça ses troupes & envoya son armée sous la conduite de Guy, Comte de Chartres, qui rencontra lesBretons entre le Mans & Laval, lesquels, ayans dressé une embuscade en un creux chemin, attirèrent les François au combat, qui furent enveloppez de trois mille hommes, que Budic, Comte de Cornoùaille, fit lever à point de l’embuscade, qui donnans à travers les François, y firent grand eschec, & fut le General Guy pris prisonnier par le seigneur du Pont-Labbé & présenté au Roy.
II. Le Roy S. Judicaël, ayant deffendu son Pays & éner~ les forces de son ennemy, au lieu de poursuivre sa victoire ayant cét avantage, fit retirer son armée, qu’il mit en (1) Il y a ici une lacnne qu’il est important de combler si l’on veut bien conn-utre saint Judicael ; voye : l’annotation à la suite de sa vie. A.-M. T.
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