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par laquelle il reconnaissait comme étant le Bras de saint Corentin la relique trouvée à la sacristie par M. de Penfentenyo, et depuis soumise à de consciencieuses études. Le 9 décembre, devant les chanoines réunis, Monseigneur et M. Téphany, secrétaire du chapitre, scellaient le nouveau reliquaire destiné à l’enfermer désormais.

Le samedi 11 décembre 1886, au chant enthousiaste du Pange solemnes soutenu par toute la puissance des grandes orgues, devant une foule de prêtres lui formant un glorieux cortège, en présence d’un peuple joyeux, le Bras de saint Corentin, après plus de soixante ans d’oubli, fait son entrée dans sa cathédrale, naguère si pauvre et si nue, maintenant si belle et si somptueuse, et après avoir fait le tour de la noble église il est déposé sur un trône digne d’un roi, à l’entrée du chœur ; c’est là qu’entouré de palmes, de fleurs et de lumières, il reçoit les hommages de la Cornouaille et aussi ceux du Léon, pendant cette soirée et les deux jours qui suivent. Le dimanche 12, Quimper, Concarneau, Douarnenez, Pont-PAbbé, offrent à saint Corentin un triomphe incomparable ; jamais peut-être ville n’a offert une décoration aussi somptueuse sur le parcours d’une procession. Le quartier favorisé est la rue Neuve, où Daniel Sergent demeurait quand il reçut chez lui le Bras de saint Corentin, et le zèle et la dévotion des braves gens de cette rue justifient grandement le choix de cet itinéraire. Le lundi 13 la cathédrale est insuffisante pour recevoir la multitude innombrable venue des paroisses rurales du canton de Quimper sous une pluie torrentielle, avec un vent qui a exigé des efforts héroïques aux porteurs de bannières. Et depuis ces trois jours, 11, 12, 13 décembre 1886, la dévotion à saint Corentin a repris une intensité dépassant probablement celle qui se manifesta vers le milieu du XVIIe siècle sous l’influence du P. Maunoir et du P. Bernard. Chaque année, le dimanche qui suit le 12 décembre, à cinq heures du matin, la cathédrale est envahie par la foule des pèlerins venus de la campagne pour entendre déclarer saint Corentin, c’est-à-dire pour écouter son panégyrique. Aux offices solennels et surtout à la procession du Bras de saint Corentin (qui suit le panégyrique français, après les vêpres) ce sont surtout les fidèles de la ville qui sont présents ; et c’est un spectacle bien touchant que celui des visages se tournant avec une visible vénération vers le splendide reliquaire où, dans son cylindre de cristal aux frontons d’or et d’émail, apparaît le Bras de saint Corentin, reliquaire non seulement riche mais gracieux sur une plate-forme toute brillante d’or, quatre statuettes d’argent portent la relique et deux autres l’accompagnent elles représentent Salvator, évêque d’Aleth, et Guillaume Le Prestre de Lézonnet, évêque de Quimper, Jacques Dhuisseau, grand prieur de Marmoutiers, et Mgr Anselme Nouvel, évêque de Quimper et de Léon, enfin M. de Penfentenyo et M. du Marhallac’h c’est donc comme un résumé de l’histoire de cette relique.

Le jeudi 20 juillet 1893 le Bras de saint Corentin fut extrait pour la première fois de son nouveau reliquaire. M. Nicolas, recteur de Plomodiern, avait demandé à Mgr Valleau et au Chapitre une parcelle du Bras vénéré pour la chapelle érigée au lieu où le saint passa sa jeunesse sacerdotale. Cette demande était trop bien justifiée pour ne pas être favorablement accueillie. La parcelle accordée fut insérée dans un reliquaire rappelant celui de la cathédrale. Le samedi 22, elle était apportée à Ploéven par M. Corentin Toulemont, chanoine délégué du Chapitre, et recevait bien des hommages en passant par Plogonnec, Locronan et Plonévez-Porzay La procession de Plomodiern arrivait vers le soir à Ploéven pour recevoir la relique et repartait presque immédiatement. Le dimanche 23, à la procession de Plomodiern s’unissaient celles de Douarnenez, Ploaré, Tréboul, Le Juch, Kerlaz, Plonévez-Porzay, Ploéven, Locronan, Quéménéven, Dinéault, Saint-Nic, Trégarvan, Argol, Telgruc, Lanvéoc et Crozon. Toutes les solennités de ce beau jour furent présidées par Mgr Valleau.

Cette année 1900, le dimanche 22 juillet, Mgr Dubillard célébrait à Plomodiern une fête encore bien belle. Il bénissait la nouvelle chapelle érigée là où, en 1893, on trouvait si peu digne de saint Corentin le pauvre édifice élevé au XVe siècle. Pendant ces six années, M. Nicolas s’était fait quêteur volontaire, et il avait glané à peu près de quoi réaliser son beau rêve. Un architecte