LA VIE DE S. TUGDUVAL.
En 1895 ou 1896 on a fait l’ouverture de ce tombeau pour en extraire quelques reliques du saint. Ses ossements ont été trouvés intacts, sauf les membres qui en avaient été précédemment séparés et dont on possédait un état détaillé. Procès-verbal de cette ouverture et de cette reconnaissance a été rédigé, et signé ensuite par Sa Grandeur Mgr Bécel, évêque de Vannes ; par M. le Recteur de Saint-Gildas, et par deux docteurs-médecins.
Saint Gunstan est patron de l’Ile de Hoëdic, et de l’ancienne église paroissiale de Saint-Gildas il a une église à Auray, sur la rive gauche de la rivière ; sur l’un des piliers de la nef on lit cette inscription en caractères gothiques LAN. MIL CCCC SOIXANTE ? FVRENT COMMENCÉS CES PILIERS PAR DIEV LVY PDOIGNE.
On conserve de ses reliques dans l’église paroissiale de Saint-Gildas et dans celle de Hoëdic. En 1809, l’église de saint Gunstan d’Auray reçut de Rhuys une partie du chef de son saint patron.
LA VIE DE SAINT TUGDUVAL,
Evesque de Trégner, Con fesseur le 30. jour de Novembre.
AVERTISSEMENT AU LECTEUR.
VANT entrer au narré de la vie de ce S. Prélat, je veux vous avertir que nos Bretons appellent saint Tugduval Sant Pabu ou Papu, à cause (disent-ils) qu’il fut Pape de Rome, nommé Leo V. Britigena ; ce qu’ils veulenl exprimer, l’appellans Pap, & ajoutans la lettre V, qui, en chiffre Romain, vaut cinq. Et de
fait, és Dioceses de Trégner, Léon, Cornoüaille, Vennes & quelques autres, il y a grand nombre d’Églises & Chapelles à luy dédiées sous le nom de Papu, on composez d’iceluy, comme, Land-Pabu, Tré-Pabu, Loc-Pabu, Ker-Pabu, Mouster-Pabu, & autres semblables ; mais la difficulté gist à justifier la traditive, qu’il aye esté Pape de Rome, & nommé Léon V. Il est vray que Platine, parlant de Léon V, dit qu’il estoit ignotae patrise, d’un pays inconnu ; mais cela ne justifie pas que ce peut estre nostre S. Tugduval car il vivoit au siècle sixiéme, dans tout lequel il ne se trouve aucun Pape avoir eu nom Léon, & celuy pour qui on le prend, qui est le cinquiéme du nom, vivoit au siècle dixiéme, ayant commencé à régner l’an 907. Nu aucuns des auteurs qui ont traité des Papes n’ont parlé de ce Leo Britigena, ny au siècle six, ny au dixiéme. Neanmoins, la tradition est qu’il l’a esté, & les anciens legendaires MSS. de Land-Trégner, Chartres & Laval le disent tous en voicy les propres mots, en la première leçon du premier jour de son octave, sur le milieu « At ubi Romam venit, ad B. Petri memoriam, sacris insistens laudibus, pernoctavit ; mane autem facto, ad Romani Pontificis exequias, qui eâ nocte obierat, cum populo laboravit ; quibus solemniter peractis, clerus et populus, pari affectu, divinam implorant clémentiam, quatenùs universali Ecclesiae utilem dignaretur monstrare Rectorem. Cùmque ad Orationem genua flectèrent, per columbam divinitùs lapsam, Tugduvalus déclaratur tanto praesulatu dignus. Viso igitur cœlesti indicio, Deum laudantium clamor extollitur, injectisque manibus, adhùc orationi incumbens, arripitur, et, non sine injuriâ ductus, sacro Altari sistitur. Quid plura ? licet multùm renitens, suamque barbariem excusans, inthronizatus Apostolicâ sede sublimatur, LEOQUE BRITIGENA nominatur, quod celebri memoriâ Britanni recolunt, Beatum virum sanctum PAP. V. barbaricè vocantes,