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LA VIE DE S. MALO.

renferme la teste ou crâne de saint Aaron deux bras de bois avec les mains, revêtus d’argent ouvré, renfermant des ossements des bras de saint Malo et de saint Aaron deux petites figures de saints, fort légers {sic), dont une en forme d’évêque portant en mains une coste de saint Malo sous verre, et l’autre en forme et habit de juge, portant en main une relique de saint Yves. » Depuis la Révolution l’on ne connaissait de relique de saint Malo qu’un os de l’épaule, conservé à Saint-Maclou de MoiseUes et signalé par M. de Kerdanet, mais M. Roger Rodière, qui s’occupe avec une érudition si parfaite et une intuition si sûre des débris des corps saints conservés à Montreuil, vient d’identifier « une partie notable du chef de saint Malo, et deux ossements certains de saint Guénolé », comme il a bien voulu me l’apprendre dans une lettre du 27 janvier de cette année ; il ajoutait qu’à Longpont il reste aussi une partie du corps de notre saint. SAINT BRENDAN OU BRÉVALAIRE (A.-M. T.).

E Propre de Saint-Malo imprimé en 1768 par ordre de l’Evéque Antoine-Joseph des Laurents complète ce que la Vie de saint Malo nous dit de son maître saint Brendan. Il naquit en Irlande et fut le contemporain des saints Finnan et Columba. Ayant passé

en Grande-Bretagne il fut le troisième abbé après saint Cadoc dans le célèbre monastère de Lancarvan situé sur le bord de la mer, en Cambrie, et dans le gouvernement de sa communauté il montra autant de sagesse que de zèle pour la fidélité aux observances monastiques. Si nous nous reportons maintenant à ce que dit Albert Le Grand des rapports de saint Brendan avec saint Malo, il nous faut dire tout d’abord que le saint abbé ne fut pas le parrain du futur évêque, mais qu’il le baptisa. Après avoir rapporté les relations dont nous parlons et la séparation des deux saints, dom Lobineau ajoute « Quant à saint Brendan, comme après cela on ne parle plus de lui, on peut croire qu’après avoir passé quelques mois dans l’île d’Aaron, il retourna dans l’Irlande, où il avait bâti le monastère de Cluein-furt, et qu’il y demeura jusqu’à sa mort. » Cette hypothèse à laquelle « on peut croire est justifiée par le Propre de Saint-Malo. On y lit en effet

Brandan, après son séjour près de saint Malo et de saint Aaron, s’embarqua sur un navire qu’il trouva mettant à la voile pour la Bretagne ; il débarqua à Jersey à l’anse qui de son nom s’appelle le port de Saint-Broaladre et alla se mettre en prière à l’endroit où on lui éleva plus tard une église devenue paroisse. Enfin, étant retourné en Irlande et s’étant rendu au monastère d’Enachdim que gouvernait sa sœur Briga, il y mourut le 17 des calendes de juin, à l’âge de quatre-vingt treize ans, et il fut enseveli à Clonfert (1) dans l’église construite par lui et qui plus tard, en son honneur, fut élevée au rang d’église épiscopale.

On s’étonne de voir un homme connaissant à fond l’histoire des Saints de Bretagne dire ce qu’on lit dans une note de M. de Kerdanet « On ne sait où le P. Albert a pu trouver que S. Brévalaire et S. Brandan étaient un seul et même personnage. »

D’abord le nom latin du saint, Sancte Brangualadre, comme on lit dans les litanies de saint Vougay, rappelle à la fois ces deux noms ; ensuite nous avons vu ce que dit à ce sujet le Propre de Saint-Malo ; enfin dom Lobineau s’exprime ainsi « On dit que c’est lui que les Bretons nomment saint Brevalazr ou Brouladre, et à l’honneur de qui ils ont bâti quelques églises dans la province, en particulier Loc-Brévalaire a (doyenné de Plabennec, diocèse de Quimper et de Léon). Albert est donc bien fondé dans son assimilation.

Si saint Brendan occupe peu de place dans l’histoire, il est un des personnages les plus célèbres dans la légende

On a vu comment Albert expose le projet que fit le saint, d’aller avec saint Malo et de nombreux compagnons aux îles fortunées qu’il suppose avoir été « Les Canaries à la coste d’Ethiopie » (1) lit civitate Cluain ferla, c’est la même localité que dom Lobineau appelle Cluein-furt. Autour de l’illustre abbaye s’étaifen effet formée une ville.