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LA VIE DE S. WINOKH.

l’ayde & secours de S. Winokh, il luy sembla voir un venerable vieillard approcher de luy, lequel, luy touchant de sa main les paupières, l’illumina, puis disparut. Une femme fort necessiteuse, estant aussi aveugle, se fit mener au Tombeau du Saint, où ayant offert une chandelle de cire & fait oraison, prosternée contre terre, elle recouvra la veuë sur le champ. Un habitant du bourg de Wormholt, détenu captif par quelque magistrat, se recommanda affectueusement à son Patron S. Winokh, lequel, sur la minuit, luy apparut, en forme d’un venerable vieillard, tout brillant de lumière, & luy ostant les fers des pieds, le délia & mit dehors, & il alla droit à Wormholt, puis à Berghe rendre graces à son saint Liberateur. Un autre Flamand, ayant perdu ses esclaves qui s’en estoient fuis de nuit, les poursuivit si bien, qu’il en ouït nouvelle à Boulogne-sur-Mer & entendit qu’un certain personnage, de grand crédit dans le pays, les avoit arrestez prisonniers & les vouloit vendre à des marchands d’outre-mer ; il s’adressa à cét homme, reconnut ses esclaves, le supplia de les luy rendre ; ce que ne voulant faire, le Flamand le menaça de l’appeller en justice ; l’autre, irrité de ces menaces, vous fait prendre mon Flamand & le jetter, pieds & mains liez, dans sa prison, avec ses esclaves ; le pauvre homme, se voyant réduit à cette extremité, sans aucun espoir de secours humain, se voua à S. Winokh, par le moyen duquel, il fut miraculeusement délivré de cette captivité, & vint rendre graces à Dieu & au Saint. Plusieurs autres grands miracles se sont faits à son Sepulchre, pour témoignage très-autentique & irreprochable de sa Sainteté, à l’honneur & gloire de Dieu, utilité & édification de son Église.

Cette Vie a esté par nous recueillie du Martyrologe Romain et des Annotations de Baronius sur iceluy ; Saint Antonin, en ses Histoires, partie 3, titre 3, chap. 4 ; Robert Cœnalis, Evesque d’Avranches, de re Gallica, lib. 2, perioche 6 ; Molanus, és Saints de Flandres ; Surius, le 6. Novembre ; Antoine Yepes, en son Histoire Générale de l’Ordre de S. Benoist, page 611 ; Guillaume Gazet, en sa Legende, et Friard, en ses Additions à Ribadeneira.

ANNOTATIONS.

LES RELIQUES DE SAINT WINOCH EN L’AN 1900 (A.-M. T.).

N a vu que saint Winoch émigré du pays de Bretagne fut 1° moine à Sithieu sous l’autorité de saint Bertin ; 2° à l’endroit qui de son nom s’appela le Mont-Saint- Winoch 3° au monastère de Wormolt ou Wormout, où il mourut et où son corps demeura ; mais les

dates qu’indique Albert Le Grand, pour ses différentes translations, manquent d’exactitude. Au temps de Baudouin Bras de-fer comte de Flandre, gendre de Charles le Chauve, les invasions des barbares du Nord devinrent une telle cause de terreur que le monastère de Wormolt ne parut pas un abri suffisamment assuré pour la conservation des reliques de saint Winoch, et son corps précieux fut transporté dans l’église de Saint-Omer près de Sithieu où il demeura longtemps entouré d’une vénération profonde.

Sous le vaillant comte Baudouin le Chauve les temps étaient devenus meilleurs, cependant les Flamands craignant le retour des invasions, la ville de Bergues nouvellement fortifiée parut plus propre à la conservation du saint dépôt, et l’an 900 le corps de saint Winoch y fut porté en grande pompe dans l’église bâtie en son honneur et en l’honneur de saint Martin. Un siècle plus tard Baudouin à-la-Balle-Barbe convertit une citadelle en une église qu’il dédia à saint Winoch et à laquelle il adjoignit un monastère où il fit venir des moines de l’abbaye de Saint-Bertin. C’est là que furent transférés le tombeau et les restes du saint abbé autour desquels se forma la ville de Bergues. Sauvées pendant la Révolution, juridiquement