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57O LA �1E DE S. ELAINE. contraire, le dueil & regret que menoit le peuple Rennois de la mort de S. Amand fut tooder6 par la joye qu’il reeeut, 1ors qu’il sceut que S. Melaine lui devoit succeder. Les funerailles du deffunt Evesque furent solemnellement celebr6es, &,tost apr6s, S. Melaine fur consacr6 & install6 en son Si6ge, en presence du Roy Ho61 II. du nora & de toute sa cour, l’an de grace 505. le 43. de son age. VI. Estant Ev6que, il ne changea rien ensa fa9on de vivre (1); son service estoit simple, son vivre frugal & commun, sa famille moder6e; il retint, route sa vie, l’habit de son Ordre, si exact & ponefuel en l’observance & continuation des Exertices Claustraux (qui pouvoient compatir avec sa charge) que feroit le plus fervent Novice. Quant it l’economie & disposition du tempotel de son EYesch6 (h quoy, selon le dot de sa charge, il estoit oblig6 de �aquer), il en laissoit le soin h des fideIs & �ertueux seculiers qu’il avoit h son service h bons et asseurez gages, cornroe aussi tousles nutres offieiers, pour leur oster route occasion de reehercher aucun lucre sordide & illieite/x son service. II avoit un soin tr6s-particulier des pauvres & necessiteux, auxquels il faisoit distribuer de grosses aum6nes; files visitor paternellcment, les consoloit en leurs afflictions, les supportoit en justice & lea preservoit des oppressions des riches. I1 estoit infatigable h prcher son peuple, auquel il administroit les Sacremens de sa propre main. I1 visitoit soigneusement son Diocese, r6tablissant la police & Discipline Ecelesiastique off illa trouvoit deschft, ou relfich6e, faisant exactement observer los saints Canons & D6crets des ConcHes, ordonnant des punitions rigoureuses centre les refractaires. I1 remplit les cures vacantes & les pourveut de gens de bien, doctes & pieux, qu’il tireit des Monasteres de Bretagne, Anjou, Poictou & Normandie, pour avoir/t la main des personnes d’emploite h la conversion des Ames. I1 fit venir de Normandie S. Pater (qui depuis rut Evesque d’Aranches) & luy fit bastit un Monastere pr6s la ville de Rennes, lequel, en peu de temps, de�int une fertile pepiniere de personnages signalez en Saintet & Doctrine. VII. Le Roy Hol, connaissant l’esprit & la capacit de S. Melaine, & l’estime que tout le monde faisoit de sa vertu, le fit son chunrelier, esperant que ses affaires se porterelent bien, estans manies par un tel ministre de son etat. La seconde annhe de son Pontiffcat, qui fur Fan de salut 507. le Pape Symmachus fit, h la requeste de Clovis, premier Roy Chrestien les Fran9ois, assembler un Conrile de trente & trois Evesques / Orleans, pour donner ordre aux affaires de l’Eglise Gallicane & artester le cours de plusieurs errcurs & pernicieux dogmes, qui commencelent h pulluler parmy cctte nou-elle conversion des Francois. En ce Concile se trouverent, entre autres, cinq Prlats, que l’Eglise reconnoist pour Saints, t sa�oir S. Gildart Archevesque de Rou6n, S. Loup Evesque de Soissons, S. Theedose Evesque d’Auxerre, S. QuintJan & nestre S. Melaine, qui fur mand par leftres expresses, & y alla, en compagnie de Modestus, Evesque de �ennes, assista/t toutes les Sessions du Concile, off il fit paroistre son zele h la deffense des imnmnitez de l’Eglise, &/ rotrancher les abus qui s’estoient glissez en l’un & l’autre Ordre, pour l’extirpation desquels, il fit, par son autorit, faire plusieurs D6crets trs- utiles pour l’Eglise de Dieu & l’avancemcnt de la Religion au Royaurae de France. Le Concile tiny, il s’en retourna/ Rennes, & fit la visite par son Diocese, veillant hce que les Dcrets du Concile d’Orleans y fussent exactement observez. Viii. Le Roy de France Clovis, ayant ouy le recit de ce que S. Melaine aveit fait au Concil� d’Orlans, &avec combien de zele il aveit contribu6 h la reformation de l’Eglise (1) D’ordlnaire les hagiographes ne voicnt rlcn do plus beau cbez ;an dvque; or an ralitd � la fagon de vre da saint llclaine rut completement modifide par son 616vation k l’piseopat. Un biographe qui erivait soixante ans apes lui fait de lui eat admirable eloge: , Melanius regardair le fardean de l’Splscopat, qu’on lul avait impos6, cornroe l’obllgeant a s’oceupcr des affaires publlques, k s’inquiter des souels de la foul% des questions qui hnblamnt le monde, k sc pr6ter dans une cartsine mesure aux mmurs du si6cle. , -- A.-M. T,