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Combien de temps demeura-t-il dans ce lieu où son souvenir est resté si vivant ? — Nul ne saurait le dire.

Y vécut-il toujours désormais ? — Revint-il séjourner sur le continent ?

— Ici deux opinions sont en présence : d’après la légende latine, après avoir fondé Lancarvan et plusieurs autres monastères dans la Grande-Bretagne, il se rendit à Bénévent en Italie, y remplit d’abord les fonctions abbatiales, fut ensuite promu à la dignité épiscopale et finalement y cueillit la palme du martyre. « Mais, ajoute dom Plaine, tout cela a paru si invraisemblable depuis trois siècles à la plupart des hagiographes, qu’un certain nombre d’entre eux en sont venus à supposer qu’il s’agissait de la ville de Benavenne (Benaventa aujourd’hui Woedon, dans le comté de Northampton) en Angleterre. Parfois même on a dédoublé le saint en prétendant que le fondateur de Lancarvan n’avait rien de commun avec l’évêque-martyr de Bénévent. Le docte bénédictin démontre qu’il est impossible que le saint évêque ait été martyrisé en Angleterre, puis il établit, d’après les traditions des contrées qui ont connu saint Cado : la Cambrie, l’Armorique, et Bénévent[1], que « jusqu’au XVe siècle ces trois pays paraissent avoir été unanimes à affirmer : 1o que S. Cado-Sophius avait eu pour père un roi du pays de Galles ; 2o qu’il avait fait trois fois le pèlerinage de Jérusalem et sept fois celui de Rome ; 3o qu’il était mort à Bénévent percé d’une lance pendant qu’il célébrait la messe. Or, de pareils faits sont manifestement des plus caractéristiques. Le second en particulier n’appartient qu’à notre saint, et suffirait seul pour empêcher qu’on ne le confondit avec un autre saint. Il faut donc accepter ces données traditionnelles comme étant l’expression de la vérité historique.

Mais quand et comment le saint évêque subit-il le martyre ? — Dom Plaine regarde comme certain qu’il reçut la mort lorsque le roi arien Totila « prit Bénévent d’assaut en novembre 542, en rasa les murailles, et y commit maints excès de tout genre, comme il ressort des vifs reproches que lui adressa saint Benoit, lorsque ce roi barbare vint le visiter pendant son séjour à Bénévent qui est tout proche du mont Cassin. »

LE CULTE DE SAINT CADO EN BRETAGNE (A.-M. T.).


Pas de saint plus populaire ; pas de saint plus négligé par la liturgie. Le propre de Vannes lui concède une simple leçon et une commémoration ; le propre de Quimper ne fait même pas mention du saint évêque martyr, aussi vénéré en Cornouaille et en Léon qu’au pays du Morbihan.

Il est patron de Saint-Cadou (doyenné de Sizun, diocèse de Quimper);

De Saint-Cast (près Dinan, diocèse de Saint-Brieuc).

Jusqu’au Concordat de 1801, il a été patron de la paroisse de Cadélac, dont l’église devenue chapelle, dans la paroisse de Loudéac, a péri dans un incendie en 1803.

Dom Plaine dit que peut-être la paroisse de Cast (doyenné de Chateaulin, diocèse de Quimper), a été originairement sous le patronage de saint Cado, mais le nom de Cast vient de l’ancien nom latin de cette localité : Castrum.

Je connais peu de chapelles dédiées à saint Cado. Après avoir naturellement cité tout d’abord Belz, l’ancienne église priorale dépendante de l’abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, depuis qu’Alain Fergent la lui eut donne en 1089, aujourd’hui simple chapelle, mais toujours entourée de vénération ; dom Plaine indique encore la chapelle de N.-D. de Clérin, en Saint-Clet (diocèse de Saint-Brieuc) ; saint Cado n’y est que second patron, mais beaucoup de pélerins y viennent se recommander à lui pour la guérison des maladies d’yeux. En Guégon (diocèse de Vannes), une chapelle de saint Cado est mentionnée par le répertoire archéologique de

  1. Pour la Cambrie, il invoque la tradition immémoriale consignée dans Jean de Tinemouth et dans Capgrave pour l’Armorique les légendaires de Vannes et de Sainte-Croix de Quimperlé ; pour l’Eglise de Bénévent, Ghinius et Vipers.