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LA VIE DE SAINTE URSULE.

ses ruines. » Dom Plaine est d’avis qu’elles ont été sans nul doute apportées à Montreuil d’Irlande et non de Bretagne, car elles n’ont jamais reposé dans cette dernière province et le saint n’y est aucunement honoré.

LA VIE DE SAINTE URSULE,

Reine de Bretagne Armorique, son Martyre et des onze mille Vierges, ses compa-nesle 21. Octobre.

HEUREUSE Princesse sainte Ursule estoit Bretonne insulaire, fille de Dionotus Maurus, nommé autrement Durslus, Roy d’Albanie (à présent Escosse) & de Cornoûaille, en la même Isle, par succession de son frère ~cu’acfocus (c’est Karantec), mort sans enfans, & de la Reyne Darie. Elle nâquit, l’an de grâce

337, sous le Pontiticat de &. Jules I. du nom, & de mmpire des entans du grand Constantin, Constantin II, Constance & Constans. Ses parens la firent soigneusement élever en la Religion Chrestienne, & étudier és humanitez, philosophie & autres sciences, selon la coutume du Pays esquelles nostre sainte Princesse se rendit si excellente, qu’on la tenoit partout pour un oracle de science mais ce n’étoit rien, au prix des belles vertus & rares qualitéz dont son Ame étoit ornée, lesquelles, jointes à sa beauté corporelle, à son grave maintien & port majestueux, faisoient que les Monarques des Royaumes voisins, tant de l’Isle que d’outre Mer, la recherchoient pour épouse mais elle étoit résoluë de n’en avoir point d’autre que Jésus-Christ, auquel elle avoit consacré la chasteté de son Corps, aussi-bien que la pureté de son Ame. Elle étoit obeissante à ses parens, auxquels elle portoit un grand respect, leur complaisant en toute chose, sans jamais leur avoir donné le moindre sujet de mécontentement ; elle étoit devote envers Dieu & les Saints, fréquentoit les Églises & Maisons d’Oraison, assistoit les Monasteres & Hôpitaux & se delectoit en semblables exercices vertueux. II. Cependant, Flave Maxime Clemens, Lieutenant de l’Empereur Gratian, en la Grande Bretagne, s’estant, à la sollicitation de ses soldats, révolté, passa, avec une puissante armée, és Gaules, assisté de Conan Meriadec, jeune Prince insulaire, lequel luy avoit amené dix mille hommes, & vint descendre au Havre Saliocan, qui est le port de Morlaix, nommé ~Av-mor-ue, l’an 383, & ayant défait Jubant, Roy du Pays (Tributaire neanmoins des Romains), il assiègea Rennes, que Sulpicius Gallus, qui y commandoit, rendit ; surprit Nantes, & conséquemment toutes les villes & fortes places du Païs de Bretagne Armorique, lequel il donna au Prince Conan, pour tenir en titre de Royaume, en recompense du Royaume de la Grande Bretagne (qui appartenoit audit Conan), qu’il avoit eu en dot avec sa femme, fille d’Octavian, oncle maternel du Prince Conan, sur lequel il l’avoit usurpé. Maxime suivit sa route & tiravers Paris avec son armée, & le Roy Conan commença à policer & donner ordre aux affaires de son Royaume, lequel voyant fort désert & dépeuplé, à cause que les habitans avoient esté partie tuez, partie s’en estoient fuïs es provinces voisines, pour fuir la tyrannie de Maxime, il départit à ses Soldats les terres & héritages, & députa une solemnelle ambassade vers les Princes Bretons de l’Isle, pour leur demander des jeunes filles mariables, pour peupler sa nouvelle conqueste &, réservant ses prétentions sur la Grande Bretagne,