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LA VIE DE S. CONVOYON.

Une partie de ces reliques, comme nous allons le voir, échappa aux profanations des Normands et aux distributions indiscrètes ; cependant au xvie siècle elles ont bien diminué. M. l’abbé Guillotin de Corson a publié un inventaire du trésor de Saint-Sauveur à cette époque, et voici quelles étaient, d’après ce document, « les reliques enchâssées » possédées par l’abbaye « Le chef de saint Marcellin, d’argent doré. Le bras de saint Léon, enchâssé en argent. C’était le bras de saint Léon III, pape et martyr, offert en 868 par le pape Adrien II à Salomon roi de Bretagne qui le déposa à Redon, » à L’imaige Sainct Pierre, en argent, doré en aulcuns endroits, avecq sa relique ; l’imaige Sainct Yves, d’argent, avecq sa relique ; ung tableau de cuivre doré auquel y a du laict de Nostre-Dame ung tableau carré couvert d’argent où sont plusieurs reliques. – Un inventaire de d594 est plus précis et signale ici les reliques de « Messieurs S. Jacques, S. Phélippes et S. Estienne. L’imaige Saincte Appoline estant de cuivre, où il y a une dent. La Vroye Croix, enchassée en une croix d’argent doré. » Cette relique fut apportée de Jérusalem, vers l’an 1100, par Riou, seigneur de Lohéac, qui s’était croisé avec Alain Fergent, duc de Bretagne ; Riou étant mort en revenant de Palestine, la relique fut confiée à Simon de Ludron qui la remit à Lohéac très solennellement entre les mains de Justin, abbé de Redon. « L’estolle Sainct André et sa croix. » Un inventaire de ~611 mentionne « Un relicquaire de Monsieur Sainct Melainne enchâssé en cuivre doré avec une petite chaisnette, lequel a esté donné par frère Jacques Bonnemez, chapelain de la Serche, religieux de ladicte abbaye.)* Figurent encore dans ces inventaires, plusieurs reliquaires de différentes formes, mais sans que soient indiqués les saints dont les reliques y sont incluses.

Avant de commencer l’énumération des reliques enchassées, M. Guillotin de Corson désigne les corps saints que possédait l’abbaye de Redon, et à la liste que nous en avons donnée il ajoute les corps de saint Benoit de Macérac, ermite, et de saint Convoyon.

J’ai voulu me renseigner sur ce que l’abbaye de Saint-Sauveur a pu soustraire aux profanations des terroristes ou peut-être aux précautions maladroites des pieux fidèles qui ont voulu les sauver. Tout ce que je sais, c’est qu’à Redon on expose t<Ke relique de saint Apothème mais du pape martyr qui fut enlevé à son tombeau des bords du Tibre pour attendre la résurrection sur les bords de la Vilaine, des autres bienheureux qui vécurent et moururent à Saint-Sauveur, où y furent transférés de bien loin, il reste à peine le souvenir ; quant à l’ami de Nominoé, au fondateur du monastère et de la ville, il semble qu’il n’y ait pas laissé un débri de ses ossements.

SAINT-SAUVEUR DE REDON (J.-M. A.).

ÉGLISE abbatiale de Saint-Sauveur de Redon est devenue église paroissiale et se trouve incomplète par suite d’un incendie qui détruisit la nef en 1782, ce qui explique le fait du clocher séparé actuellement de l’édifice. La partie la plus ancienne de ce monument est

le carré central ou croisée du transept, construction romane de la fin du xie siècle ou bien du xn". La tour qui surmonte ce carré est composée de trois étages d’arcatures à plein cintre, les unes aveugles, les autres ajourées. Le chœur est de style ogival de la fin du xm" siècle, entouré d’un déambulatoire et de chapelles absidales. La nef incendiée était de la même époque, et ce style se retrouve dans le grand clocher isolé. Au transept nord est accolée la chapelle des Dites, œuvre du xve siècle et représentant chez nous un spécimen des églises fortiuées, car ses murs sont couronnés de créneaux et de machicoulis.