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LA VIE DE S. ETHBIN.

le Pays, laquelle emportoit de mort subite une innombrable multitude de peuple, en sorte que, dans peu de jours, le Pays se trouva désert & presque inhabité, les Ecclesiastiques & les plus apparents du peuple qui estoient restez, voyans que c’estoit un fleau de Dieu, tinrent conseil & trouvèrent bon d’indiquer un jeûne de trois jours, pendant lequel, on sceut par revelation, qu’il falloit élever le Corps de S. Vial sur un branquart, afin que le peuple, passant reveremment sous ses saintes Reliques, fut desormais preservé de cette contagion.

VII. Cét avis, donné du Ciel, fut receu & suivy de tout le peuple, lequel se rendit en l’Abbaye de Tornous, où on leva la Chasse en laquelle estoient les saintes Reliques laquelle, parée & ornée de riches draps de soye, rayseuls & ouvrages, on l’éleva & disposa tellement sur une porte, que le peuple pouvoit aisément passer dessous, ce qu’ayant esté fait, le fleau cessa tout à coup, & les peuples circonvoisins, qui estoient affligez de mesme maladie, ayans entendu les merveilles que Dieu operoit par les mérites de son saint Confesseur, passans sous sa Chasse, recevoient la mesme faveur. Depuis, en mémoire de ce miracle, on fit bastir, prés du bourg de S. Viau en Raix, une Croix de pierre, élevée sur deux pilliers, sous laquelle on peut passer, & ceux qui sont afûigez de fievre, passans dessous & faisans quelque abstinence & quelques prieres à Dieu & à S. Vial, sont gueris peu de jours après. Le Corps de ce glorieux Saint est gardé reveremment audit Monastere de Tornous, excepté l’os d’un de ses bras, qui est en son Église de Scobrith, qui, à présent, est une paroisse, appellée communément saint Viau, au pays de Raix.

Cette Vie a esté par nous recueillie d’un ancien Livre manuscrit sur vellin, gardé en l’Église Parrochiale de S. Viau en Raix, lequel en a l’Histoire distinguée par Leçons et ~mnes, Répons, Antennes et Propres, a nous communiqué par Venerable et discret Missire François Merlet, Recteur de ladite Paroisse, en partie aussi des mémoires M. SS. et traditions notables, remarquées par ledit Recteur ; le tout conforme aux Annales de Bretagne et à la Chronologie inviolable des Temps.

LA VIE DE SAINT ETHBIN (

Abbé et Con fesseur, le 19. Octobre.

AiNT ETHBIN estoit Gentil-homme Breton, né de parens Nobles & Illustres, qui demeuroient au Diocese de Dol son père s’appelloit Bu~/eAtus, & sa mère Eu-a ; lesquels furent soigneux de le bien élever & instruire, non moins à la Pieté & vertu, qu’aux lettres humaines & en philosophie ; à quoy il s’occupa

chez ses parens, jusqu’au decés de son Pere, qui avîut ta 15. année de son âge, environ l’an 578. régnant en Bretagne le Roy Alain I. La bonne dame Eula, se voyant veuve, mena son fils Ethbin à S. Samson, Archevesque de Dol, le dédiant, comme un autre Samuèl, au service de Dieu & de l’Église ; &, ayant fait argent de tous ses biens, en donna la moitié aux pauvres, &, de l’autre, fonda un Monastere de filles, où elle se rendit Religieuse & receut le Voile, de la main du mesme saint Archevesque, & y passa le reste de sa vie, perseverant constamment au service de Dieu.