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LA VIE DE LA BIEN-HEUREUSE FRANÇOISE D’AMBOISE,

Duchesse de Bretagne, Fondatrice des Carmélites, audit pays, le 28. Septembre.

EssiRE Louis D’AMBOISE, Vicomte de Thoüars, Prince & Seigneur de Talmont, ayant épousé Dame Marie de Rieux (Illustre & antique Seigneurie de Bretagne), eut de ce Mariage trois filles l’aînée fut nostre Françoise la seconde s’appella Marguerite, & la troisième Jeanne ou Peronelle, laquelle, ayant esté

mariée au Comte de Tancarville, laissa her itiere du nom & Seigneurie de sa maison sa seconde sœur Marguerite, femme de Louis de la Trimoûille I. du nom, (comme nous dirons cy-aprés.) Quant à l’aînée, Françoise, (de laquelle nous descrivons la vie) elle vint au monde, l’an de grâce 1427. seant au S. Siège Apostolique le Pape Martin V. sous l’Empire de Sigismond & le règne du Duc Jean V. du nom, qui avoit épousé Madame Jeanne, fille de Charles VI. Roy de France. Elle ne fut pas si-tost mise au monde, que plusieurs grands Seigneurs, la considerans héritiere des grandes Terres & Seigneuries de ses Pere & Mere, recherchèrent son alliance & la demandèrent en Mariage le premier desquels fut Georges, Seigneur de la Trimoüille, Suilly & Craon, grand Chambellan de France, qui la demanda pour son fils Loûis, mais il en fut contredit & eut pour réponse de ses Pere & Mere, qu’elle estoit encore trop jeune, & que, lors qu’elle seroit plus âgée, elle feroit élection d’un époux à sa volonté. Ce Seigneur épousa, depuis, sa seconde sœur Marguerite. Georges ne se contenta aucunement de cette réponse, & en eut tel ressentiment, qu’il s’en voulut venger, tâchant à mettre ledit Seigneur d’Amboise en la disgrâce du Roy de France. Sur ces entrefaites, l’an 1429. le Comte de Richemond, Artur, Monsieur de Bretagne, Connestable de France, ne se voulut trouver au Sacre du Roy Charles VII. pour quelque mecontentement qu’il avoit, se retira à Partenay avec Madame de Guyenne, sa femme, &, pendant quelques mois qu’il y séjourna, visita souvent le Seigneur d’Amboise & de Thoûars, &, remarquant je ne sçay quoy de majestueux & de relevé en nostre petite Infante, proposa de la marier au Prince Pierre, Comte de Guengamp II. fils du Duc Jean son frère ; proposition qui fut fort agréable à ses Pere & Mere, lesquels la luy promirent. Sur ces asseurances, ledit Seigneur Connestable fit un voyage en Bretagne, & vint voir le Duc son frère, à Rennes & luy raconta ce qu’il avoit proposé touchant ce Mariage, dont le Duc fut fort aise, l’approuva, &, de plus, luy donna le Prince Pierre, encore petit enfant, lequel il amena en France, où il séjourna, quelque temps, avec Madame de Guyenne, sa Tante, visitant, de fois à autre, sa future épouse, encore petite & sortant des langes.

II. Le Seigneur de la Trimoûille continuant en la haine qu’il avoit conçeuë contre les Parens de nostre Infante, à cause du refus dont nous avons parlé, Monseigneur le Connestable fut d’avis de l’envoyer à la Cour du Duc, son frère, pour obvier aux inconveniens qui eussent pû arriver, ce qui fut exécuté au commencement de l’an mil quatre cens trente & un, le quatrième de son âge, auquel fut traité le Mariage d’elle avec ledit Prince Pierre, lequel, en consideration dudit Mariage, ledit Seigneur Connestable institua son héritier de ses terres de Vouvent, Par-enay, Mervenl, Secondigny, Chastelalion & autres terres qu’il tenoit en France par don du Roy, fait à luy & à ses héritiers masles ce que le Roy autorisa, & le Duc Jean, père dudit Pierre, apointa le Prince François, Comte de Mont-fort, son fils, & ledit Pierre sur le débat de ladite succession future, en sorte qu’elle venoit entièrement audit Pierre, du consentement de Monseigneur le Dauphin, héritier