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LA VIE DE S. SAMSON.

presque toute la province nombre de monastères s’il fallait tout raconter en détail, cela ne finirait pas. » En conséquence elle ne raconte rien. L’autre biographe en plus de mots n’en dit guère davantage. ? (t).

Mais si nous sommes dépourvus de détails sur son action épiscopale, nous sommes amplement informés sur ses bienfaits au point de vue politique voyant quel cruel tyran est Conomor, combien grande est l’impopularité de ce meurtrier de sa femme sainte Trifine et de son fils saint Trémeur, ayant appris que Judual est à la cour de Childebert, il part pour Paris (552-553) dans l’espoir de déterminer le jeune prince à venir prendre possession du pouvoir. Des difficultés de toute sorte empêchent d’abord l’évêque-abbé et le futur roi de se trouver en présence l’un de l’autre ; enfin Childebert permet l’entrevue, il consent même à ce que son hôte quitte lepalais et s’en retourne en Bretagne (554-555). Samson et Judual partent en même temps ; ils se rendent dans les îles Lesia (Jersey) et ~M~m (probablement Guernesey). C’est là que, prenant contact avec les nombreux Bretons émigrés dans la presqu’île du Cotentin, ils organisent et excitent contre Conomor un puissant parti ; Judual forme un corps de troupes peu nombreux mais solide. Une première bataille se livra tout à fait dans l’est de la Domnonée, probablement sur la Rance (Judual venait en effet de débarquer de Jersey sur la côte de Dol). Le tyran vaincu alla chercher vers le milieu de ses états une autre ligne de défense. Après une seconde défaite, il recula vers le Poher son lieu d’origine, sa province la plus dévouée, outre qu’elle formait au milieu de ses montagnes une véritable forteresse. M. de la Borderie constate que si dans le récit de la bataille Albert Le Grand donne des détails entièrement fantaisistes, il a raison de placer comme il l’a fait le combat qui vit le triomphe de Judual et le trépas de Conomor <: en la plaine qui est entre la forest de Gerber (lisez Gouerbeg) où de présent est l’abbaye de Nostre-Dame du Releq, et l’entrée de la montagne d’Aré, en la paroisse de PIounéour-Menez, diocèse de Léon détails conformes à la tradition locale qui place le théâtre du combat à.Bt’NM~Ha-e~ (Branche de saule), grande lande voisine du couvent du Releq. Il y a trente ans on voyait encore au village voisin de Mengleuz une grande pierre plate appelée dans le pays Me~-Bes- CotKor (Pierre tombale de Comorre tout à côté on trouve encore Roc’h Conan (la Roche du chef), .BaK-Zac’/t (la Butte du massacre) et Hosarc’/KtM (le Côteau de la bataille). Note adressée M Jf. de la Borderie par M. Guillaume Le Jean.

Quand saint Samson quitta Paris, il avait déjà conquis, mais d’une manière toute spéciale, l’affection que le roi Childebert accordait si volontiers aux moines. Ce prince lui avait donné un monastère sur la Seine ; le saint y revint après le rétablissement de Judual, il séjourna dans ce Péniti en 557 quand il apposa sa signature aux canons du troisième concile de Paris. Après cette date on ne trouve plus son nom dans aucun document historique, ce qui fait conjecturer à dom Mabillon qu’il dut mourir vers 565.

SAINT TÉLIAU (A.-M. T.).

À Vie de saint Samson serait absolument inintelligible si nous ne parlions pas de celui qui, avec saint Magloire, fut le très actif collaborateur de l’abbë-évêque de Dol. Nous l’avons vu, Samson voyagea beaucoup afin de délivrer sa nouvelle patrie du

tyran qui la désolait, mais son monastère ne resta pas sans chef, et la contrée voisine sans évêque. D’une part, la dynastie des comtes de Cornouaille étant éteinte par la mort du jeune prince saint Mélar et par la fin terrible de son infâme meurtrier son oncle Rivod qui n’avait pas d’enfant, les Cornouaillais allèrent chercher en Cambrie un prince d’une branche collatérale de la famille de Gradlon. Ce prince, Budic It, accepta. Tout jeune encore au moment où il était parti pour l’exil (510-515) il revint vers 545 ; il avait épousé une Bretonne insulaire du nom d’Anauved. (1) Histoire de ~re<ag~ par M. de la Borderie, t. t, p. 419.