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Cette pièce aurait pu suffire à coup sûr pour établir l’authenticité des reliques de saint Yves, mais comme en pareille matière l’Église se montre désireuse de voir accumuler les preuves, au procès-verbal précité fut adjointe la déclaration suivante :

« Je soussigné, chanoine de l’ancien chapitre de l’église cathédrale de Tréguier, déclare reconnaître la tête que l’on conserve dans cette église et qui m’a t présentée hier, pour être celle de saint Yves, prêtre, qui avant la révolution était renfermée dans un chef d’argent et que j’ai eu plusieurs fois le loisir d’examiner pendant les dix ans que j’ai possédé un canonicat dans ladite église de Tréguier. En foi de quoi j’ai signé le présent certificat pour servir de pièce authentique.

A Tréguier, le huit aoust mil huit cent onze.

De la Motterouge


Chanoine de Tréguier anciennement
et maintenant de Saint-Brieuc »

Jusqu’en l’année 1820 les reliques de saint Yves furent exposées à la vénération dans un simple reliquaire en bois doré ; à cette date elles furent placées dans un reliquaire de bronze doré donné par Mgr Hyacinthe-Louis de Quélen comme l’atteste l’inscription suivante gravée sur une de ses faces :

Anno Domini MDCCCXX, H. L. De Qelen Trajanop. Archiepiscop. Coadjutor Parisiensis capsam hanc œneam inaurat. in qua sancti Yvonis sacerdotis reliquias collocari fecit devote Domino obtulit.

Cette dédicace, qui n’est pas un modèle de style épigraphique, pourrait se traduire:

L’an du Seigneur 1820, H. L. de Quélen archevêque de Samosate coadjuteur de l’Archevêque de Paris a offert dévotement au Seigneur cette châsse de bronze doré dans laquelle il a fait placer les reliques de saint Yves prêtre.

Il avait bien raison de donner à saint Yves cette marque de dévotion le futur archevêque de Paris, car il lui devait une amende honorable : propriétaire du manoir de Kermartin sanctifié par la présence de l’Avocat des pauvres, au lieu de le restaurer il n’avait trouvé rien de mieux à faire que de le démolir et de le remplacer par une maison vulgaire qui se loua et se loue toujours à des fermiers ; au-dessus de la porte une plaque commémorative proclame cet acte de « piété » ; il ne faut cependant pus trop en vouloir au prélat ; c’était l’esprit de l’époque dont la piété prenait parfois la forme du pire vandalisme.

Le don de l’Archevêque amena naturellement le transport des reliques de saint Yves, du reliquaire de bois dans le reliquaire de bronze ce qui donna lieu à la rédaction des deux procès-verbaux suivants, le premier devant rester aux archives de l’église cathédrale de Tréguier, le second destin à être déposé dans la châsse même avec les reliques comme le texte le dit. Les deux pièces portent les mêmes signatures et aussi les mêmes dates : 24 novembre 1820 pour le changement des reliquaires ; 8 mai 1812 pour le visa de l’autorité épiscopale.

« Je soussigné curé de la paroisse de Tréguier et vicaire général de Mgr Mathias Le Groing de la Romagère, évêque de Saint-Brieuc, certifie et atteste que les reliques enfermées dans le grand reliquaire de bronze doré et qui portent cette inscription : Sancti Yvonis proviennent du corps de saint Yves, prêtre, lesquelles reliques étaient conservées par le chapitre de la cathédrale de Tréguier jusqu’à l’époque de la Révolution. À cette époque ces saintes reliques furent cachées en terre et ensuite reconnues et relevées du lieu où elles étaient, le vingt-huit avril mil huit cent un par Mr Garat de Saint-Priest, alors grand vicaire du diocèse de Tréguier, accompagné de plusieurs prêtres, du nombre desquels j’étais moi-même Elles furent placées dans un reliquaire de bois doré, ainsi qu’il conste par procès-verbal, dont l’original se trouve joint au chef de Saint-Yves. Elles ont été reconnues par Mgr l’Évêque de Saint-Brieuc, dans sa visite épiscopale, le 25 août 1809, et le reliquaire qui les renferme a été revêtu de son sceau. C’est de ce reliquaire qu’elles ont été extraites le 24 novembre 1820 pour être placées ce même