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temporis erat Capella sua) Ylispodius Rex Britannorum, c’est-à-dire : « Cy gist le Corps du trés-heureux Confesseur S. Brieuc, Evesque de Bretagne, lequel Ylispodius, Roy des Bretons, fit apporter en cette Église qui lors estoit sa chapelle. » Cette inscription monstre apertement qu’il faut, de necessité, que le Corps de S. Brieuc fut apporté en cette Abbaye avant l’an 878, puisque ce fut le Roy Ylispodius (que la Cronique appelle Heruspeus, qui mourut l’an 866, douze ans avant la generale Translation des autres saints Corps) qui l’y fit transporter. L’Evesque, ayant receu ce precieux present, l’enveloppa décemment en draps précieux & le bailla en garde au Thresorier d’Angers, son intime amy, faisant compte de partir, le lendemain matin, pour retourner en Bretagne.

XIX. Cette nuit, comme l’Evesque de S. Brieuc, aise à merveilles d’avoir si bien fait son voyage, reposoit, le glorieux saint Brieuc luy apparut tout brillant & éclatant de lumiere, &, l’ayant remercié du soin qu’il avoit de remporter ses saintes Reliques en son Evesché, luy dist : « Ayez soin, mon fils, de faire preparer une reception honorable à mes membres, quand ils feront leur entrée dans mon Église. » Le matin venu, l’Evesque d’Angers fit tenir prest son Clergé, lequel accompagna l’Evesque de saint Brieuc chez le Thresorier, d’où, ayant prins les saintes Reliques, elles furent conduites processionnellement jusques hors la Ville. Cependant, l’Evesque Pierre dépescha un courier à Saint-Brieuc pour donner avis au Clergé & au peuple qu’ils se disposassent pour recevoir les Reliques de leur saint Patron, lequel les venoit visiter. Il s’amassa un monde de peuple à Saint-Brieuc pour celebrer cette solemnité ; &, arrivant le venerable Prélat Pierre portant les saintes Reliques, il fut honorablement receu, & le Comte Alain voulut luy mesme porter l’étuy dans lequel estoient ces saints membres, lesquels il sentit sauteler & tressaillir, lors qu’il mettoit les pieds sur le sueil de la porte de la Cathedrale ; marque trés-asseurée que le saint Prélat avoit pour agreable que ses reliques demeurassent là parmy son troupeau ; elles furent richement enchâssées, & y sont honorées en grande devotion & reverence.

Cette vie a esté par nous recueillie de l’Histoire de Bretagne d’Argentré, liv. 1, chap. 10 ; Antoine Yepes, en sa Chronique generale de l’Ordre de S. Benoist, sur l’an 556 ; Melanus, és Additions sur Usvard, le 1. de May ; les vieux Breviaires de Cornoüaille, le 2. de May, et de Leon, le 29. Avril, en ont l’histoire en 9 Leçons ; le Proprium Brioçois, imprimé à S. Brieuc l’an 1621, en a l’Office avec Octave, le 1. May, et celuy de sa Translation, le l8. Octob. La Devision, Chanoine de S. Brieuc, en son Liv. des SS. Brieuc et Guillaume, imprimé audit S. Brieuc, l’an 1626 ; Robert Caenalis, de re Gallica, lib. 2, perioch. 6 ; Jean Rioche, Provincial des Cordeliers de la Province de Bretagne ; en son Compendium temporum, lib. 2, chap. 79, en la Colonne des Docteurs ; Claude Robert, en sa Gallia Christiana, lettre B, és Evesques de S. Brieuc ; Jean Chenu, en son Hist. Chronolog. des Evesques de France ; le R. P. Du Pas, en son Catalogue des Evesques de S. Brieuc, à la fin de son liv. de l’Hist. Genealog. des Illustres Maisons de Bretagne, et Jean Hiret, en ses Antiquitez d’Anjou.


ANNOTATIONS.

L’ÉPOQUE ET LE LIEU DE LA NAISSANCE DE SAINT BRIEUC (A.-M. T.).

oNsiEUR DE L. BoRDERiE va encore nous servir de guide « Ce qui fixe l’époque de sa naissance, c’est que saint Germain d’Auxerre, mort en 448, lui conféra la prêtrise, très probablement lors de son second voyage dans l’He de Bretagne en 447 ce qui met la

naissance de Brioc en 417 au plus tard. (En Gaule et en Grande-Bretagne, à cette époque, l’âge minimum requis pour recevoir le sacrement de l’ordre était trente ans.)