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HISTOIRE DE LA FONDATION

couvert de ses ornemens Pontificaux, Mittre en teste & la Crosse en main. Estant prés du lict du Ministre, il leve le rideau, &, l’ayant, d’une voix forte & majestueuse, repris de sa témérité & incrédulité, le tire du lict sur la place, &, de sa Crosse, le battit & navra par tout le corps le misérable avoit beau crier, car on ne put jamais ouvrir la porte, ny mesme la rompre, & l’autre Ministre, son compagnon, n’avoit garde de luy venir ayder, n’attendant que l’heure qu’on le vint festoyer de la sorte. Le Saint estant disparu, on entra dans la chambre, où on trouva le Ministre dans la place, tout moulu & brisé, demy noyé dans son sang. Lors, sans plus penser à ses commissions, il se fit porter en son vaisseau, & s’en retourna, avec sa compagnie, à Limbrik, où il vomit son ame aux diables, obstiné en son hérésie, le 4c jour après son arrivée. Ce chastiment, si exemplaire, fut incontinent divulgué par toute l’Irlande, où il épouventa si fort les Ministres, que depuis, aucun n’a ozé entreprendre la reduction des Insulaires. Celle Vie a esté par nous recueillie du Breviaire de Léon, qui en a l’Histoire en neuf Leçons, le 6 Mars, et un extraict autentique des Archives manuscrites de Nostre Dame d’Inis-Kaha et Killsenan au territoire d’Aruest au Comté de Kierri, Diocese d’Artfarlen, Province de Mommoine en l’Irlande, à mou transmis par le R. P. Frère Vincent Du-Val de Sainte Marie, Vicaire Provincial d’Hubernie, l’an 1629, et de la tradition qu’on en a en la Paroisse de Plousaize.

HISTOIRE

DE LA FONDATION DE NOSTRE DAME DU FOLLCOAT,

En Léon, le 8 Mars.

I’histoire Miraculeuse de Nostre Dame du Follcoat, au Diocese de Léon, a esté écrite par Jean de Land-Goëznou, Abbé du Monastere de Land-Tevenec, Ordre de S. Benoist, Diocese de Cornoüaille, lequel est témoin oculaire ; & de luy l’a prise Messire René Gaultier (1) qui l’a inserée en sa Légende, & est telle

Environ l’an de grâce 1350, seant en la Chaire Apostolique le Pape Clément VI, Charles IV du nom tenant les resnes de l’Empire, & le Roy Jean régnant en France, durant le plus fort des guerres Civiles entre le Duc Jean de Montfort (depuis surnommé le Conquerant) et Charles de Chastillon, dit de Blois, Comte de Penthévre devers sa femme, pour la Duché de Bretagne, Guillaume de Roche-fort estant Evesque de Léon, vivoit, au territoire de Les-Neven, un pauvre garçon idiot, nommé Salaun, qui signifie Salomon, lequel avoit l’esprit si grossier, qu’encore qu’il fust envoyé de bonne heure aux écolles, jamais il ne peut apprendre autre chose que ces deux mots Ave Maria lesquels il récitoit continuellement avec grande devotion & consolation de son Ame. II. Ses parens estans décédez, il fut contraint de mendier sa vie, ne sçachant aucun mestier pour la gagner. Il faisoit sa demeure dans un bois, à l’extrémité de la Paroisse de Guic-Elleaw, prés d’une fontaine ; n’usant d’autre lict que la terre froide, sur laquelle (1) Comme on pourra le voir à V Indication des sources où a puisé Albert Le Grand, cet historien serait non René Gaultier, mais René Benoist.