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La pauvreté chrétienne, au luxe je l’oppose,
Et l’humilité douce à notre orgueil morose.
Ineffable bonheur des immenses amours,
Êtes-vous donc perdu, calme des anciens jours !


CHRONOLOGIE DE LA VIE DE SAINT GUÉNOLÉ (A.-M. T.).


En commençant le travail dont nous allons donner la substance, M. de la Borderie s’exprime ainsi :

« L’importance de cette chronologie pour les commencements de l’histoire des Bretons en Armorique nous oblige à y consacrer une note spéciale. »

Or si cela importe pour l’étude de l’histoire du pays en général. il n’en va pas autrement pour l’histoire d’un Bienheureux qui a vu se former autour de lui tant de ses émules en sainteté. C’est naturellement dans le cartulaire de Landévennec que M. de la Borderie a trouvé les éléments de cette étude chronologique.

Vers 460, arrivée de saint Fragan en Armorique.

461, naissance de son fils Guénolé.

Vers 468 l’éducation de Guénolé est confiée à saint Budoc.

Vers 482, Guénolé, âgé de 21 ans, quitte son maître.

De 482 à 484 Guénolé vit avec ses onze compagnons dans un petit monastère qu’il a construit dans l’ilot de Tibidi. Ensuite il commence l’érection du monastère de Landévennec.

Entre 486 et 490 premières relations de saint Guénolé et du roi Grallon.

532 Mort de saint Guénolé.

Caractère propre à la sainteté de Guénolé. — On peut affirmer que chez lui la sainteté a été attrayante et communicative. Si ses pieux parents lui ont donné une première éducation tout empreinte du caractère religieux, il a dû à son tour exercer sur eux un grand ascendant dans ses séjours au sein de la famille (car saint Budoc l’y envoyait de temps en temps). S’il a fait de son père et de sa mère un saint et une sainte que vénère l’église de Bretagne, il a aussi communiqué la plénitude de son esprit à ses frères saint Jacut et saint Guethénoc, à sa sœur sainte Clervie. Enfin, placé à la tête de sa communauté monastique, il a comme religieux de son abbaye S. Guenael, S. Idunet, S. Rioc, S. Balay, S. Berthuald, S. Biabil, S. They ou Théa, S. Gozien, S. Harnul, S. Martin, S. Morbret, S. Petran, S. Ratian, S. Vigon, S. Winvoud. À ces noms des religieux de saint Guénolé M. de Kerdanet ajoute le nom de saint Conogan ; les rapports entre l’abbé de Landévennec et le successeur de saint Corentin sont choses certaines comme le témoigne le cartulaire, saint Conogan a donné à saint Guénolé le petit monastère qu’il avait établi sur son patrimoine, mais ce n’est pas assez pour montrer le futur évêque vivant habituellement près de saint Guénolé.

Les Reliques de saint Guénolé. — L’abbaye de Landévennec fut détruite en 914 par les Normands. Les moines avaient pu soustraire à leurs profanations les restes de leur saint fondateur ils traversèrent en diagonale toute la région intérieure de la péninsule armoricaine, se tenant le plus loin possible des côtes où la rencontre d’autres Normands était toujours à craindre à l’extrémité de la Bretagne, à Pierric, village tout proche de l’Anjou, se produisit un miracle qui devait donner lieu plus tard à l’érection d’une église en l’honneur de saint Guénolé. Après cette halte les pieux émigrants reprirent leur route, et se dirigèrent vers le Nord-Est de la Gaule. Ils avaient à leur tête leur abbé Benedic successeur de Wrdisten[1] et Clément évêque

  1. Wrdisten, abbé de Landevennec, a écrit un livre et deux opuscules sur la vie de saint Guénolé ; ils figurent au cartulaire.