Page:Le Grand Albert - La Vie des Saints.djvu/109

Cette page n’a pas encore été corrigée
ANNOTATIONS.


DIVERGENCES ENTRE HISTORIENS SUR LA VIE DE SAINT GUÉNOLÉ (A.-M. T.).


Nulle part plus qu’au point où nous en sommes arrivés, nous ne ressentirons le désir de respecter l’histoire, car nous nous trouvons devant la physionomie la plus vénérable qu’il y ait parmi les saints Bretons, dont saint Guéno1é parait être le plus Breton et le plus saint ; nous voudrions donc la montrer telle qu’elle fut en effet.

Au début d’un trés remarquable article auquel il a donné pour titre : Physionomie et oaraetfice particulier des Saints de Bretagne [1], M. l’abb6 Y.-M. Lucas s’exprime ainsi:

( En d’autres nations, les saints out dtd simplerecur les amis de Dieu par la charit6, mod61es des hommes par leurs vcrtus sociales, des citoyens distingus, il est vrai, mats ne prenant pas tme part active, une place prpond6rante dans la vie pubIique de Ieur province. Chez nons, dans notre Bretagne-Armorique, les vieux saints 6migrs de Grande-Bretagne et d’Hibernie out incarn en eux la grande id6e de Patrie, et leur r61e a 6t6 d�isif dans la formation de notre race,

)) La race courageuse et pourtaut pacifique

)) Que rien ne pout dompter quarid ellea dit: e Je veux! ))

Nons voudrions otter ici les pages si bien document4es qui font suite, mats nons serion injustes si au hem de lI. rabb6 Lucas nons n’ajoutions pas ici eelui de ll. de Ia Borderie; on pent dire que tout ce qui a paru de son Histo/re met admirablemerit en lumire la th6se qu’il avait jadis expos6e sur le r61e historique des Saints de Bretagne. I1 y a bien des siScles ddja, un des crivains du Garthclaire de �andevencc parlant, non pas il est vrai de route la pninsule armorlcaine, mats de Ia seule Gornouaille et des trots hemroes auxquels il en attribuait la grandeur et la prosp6rit6, disair:

Oam bene candenis splendebant culmina teis

Cornubio% proceres cure terni cetsa tenebant!

Ees trots brillants flambeaux c’taient: Grailon, le rot chargd des intdrts terrestres; Gorentin l’vque, et Gu6no16 le moine dent rinfluence universelie 6tablissait partout la paix. Pour indiquer au leetent les points off les differcuts historiens diff6rent d’Albert Le grand, je placerat ici des chiffres correspondant aux diff6rents alinas du texte.

L -- Le lieu natal de saint Gu6nol serait, non pas le chateau de Lez-Guen mats Plou[ragan, une lieue du Champ-du-Rouvr% c’est-a-dire de l’endroit off s’61eva la ville de Saint-Brieue. Saint Gu6nol ne fur pas l’ain6 de la ramtile; ses frres Guflnoc et Jacut taient ns avant le passage de lents parents en Armorique.

II. -- Son 6ducation fur confie par Fragan, non a saint Gorentin, ma/s au trs dlevd maitre et docteur Budoc. Gunol tait h petrie ag6 de sept ans. Son p6re le conduisit lui-mme dans l’ile Lavvd ou Laud’de (tie des Lauriers).

V. -- Le jeune heroine qui fur mssuscit, par saint 6uno16 le fur, non dans la ville d’Is, mats pros de la rsidence de saint Fragan, non dans un tom not mats dans une simple course de chevaux; Albert Le Grand ne le nomme pas, mais il est d6sign sous le nora de Maglus par le Gartulaire.

VII. -- Le silence du Cartulalrc sur les relations de saint Gorentin et de saint Gunol$ n’est pas sans doute suffisant pour nous faire rejeter absolumcnt le rdcit du voyage de tons deux et de

  1. L’Hermine, 4e année, Tome VIII, 5e livralson, 20 août 1893.